Chaque année depuis 2007, Monumenta invite un artiste d’envergure internationale à se mesurer à la nef du Grand Palais et à son immense verrière de 35 mètres de haut. Après Anish Kapoor ou Daniel Buren, ou Kabokov, c’est l’artiste Huang Yong Ping (né en Chine en 1954, naturalisé Français), fondateur de l’art contemporain en Chine, qui réalise cette année une œuvre spectaculaire, exposée du 8 mai au 18 juin 2016.
La mise en place de l'exposition a nécessité en amont une logistique sophistiquée sur plusieurs mois depuis le transport des éléments de l’œuvre (essentiellement de Chine) jusqu'au montage de l’œuvre. Chargés dans les ports chinois de Shanghai et de Qingdao sur le navire amiral de la compagnie "le Bougainville" le plus grand porte container du monde, des centaines de containers ont débarqué fin Mars au Havre. Ils ont été ensuite transférés par barques fluviales jusqu'à Gennevilliers, avant d'être conduits à Paris par convoi spécial. Un ballet incessant de camions a traversé les Champs Elysés toutes les 15', jour et nuit pour amener les containers et les éléments assemblés dans la nef. Ce chantier a mobilisé une soixantaine d'ouvriers qui ont travaillé jour et nuit pendant 11 jours pour ériger cette œuvre d'art démesurée. Son poids excessif (elle pèse plus de 1.000 tonnes) a nécessité de renforcer le sous-sol de la nef afin de supporter une telle charge.
EMPIRES symbolise le monde économique d'aujourd'hui avec ses modifications politiques, démographiques, l’ascension de certains pays entrainant le déclin d'anciens empires, la richesse pour certains et la ruine pour d'autres.
Elle forme un paysage constitué de 8 collines de containers, d'un squelette de serpent métallique, soutenu par une grue, qui se déploie sous la verrière du Grand Palais entre les collines et d'une bicorne, directement inspiré de celui porté par Napoléon à la bataille d'Eylau, posé sur sorte une arche de containers.
Passé les portes d'entrée, un mur de containers coupe la perspective de la nef et entraîne le spectateur dans une sensation oppressante de démesure face à ces richesses circulant entre les pays. Il faut passer ce premier rempart pesant et symbolique pour découvrir, vertèbre après vertèbre, le clou vertébré du spectacle : l’immense squelette zigzagant du serpent
Le serpent a été fabriqué à Lyon: 4 usines de la région lyonnaise se sont partagées la fabrication des 586 pièces d'aluminium qui le compose. Il est en fer, recouvert d’inox, argenté comme un osselet d’enfance. Il s’élève jusqu’à 25 mètres et ondule sur 250 mètres, en suspension circulaire au dessus des collines de containers. La tête crache son venin vers une sorte d’arche de containers dont la couverture est un agrandissement du bicorne de Napoléon.
Le chapeau évoque l'éternelle volonté de pouvoir qui anime le monde industriel, politique, militaire et les tyrans, désirant tous porter ce fameux chapeau synonyme de "puissance". Le reptile, qui glisse sur l’œuvre, la gueule ouverte, semble menacer l'ambition de ces puissants tandis que la boucle qu'il forme autour des collines traduit le caractère infini de gloire et de destruction qui anime le monde.
Pour mettre un peu d'animation dans ce monde industriel, anonyme et impersonnel, les apprentis de l’École supérieure de l’Académie Fratellini offrent un spectacle d'acrobatie urbaine en escaladant ces collines et en défiant les lois de la pesanteur. Cette troupe d'acrobates et de yamakasi, sans peur, essaient d'approcher les sommets et de voler dans les airs.
Pour suivre le montage en timelapse: http://www.grandpalais.fr/fr/article/empires-le-time-lapse-du-montage