Terre de Baffin en Aout 2011

1er jour: Paris- Kangerlussuaq

 

Voyage en famille avec Sophie et Alexandra, nos deux filles , encore un voyage vers l'inconnu car on ne sait pas du tout ce que l'on va voir, là où l'on va, mais la seule chose que l'on espère, c'est de rencontrer sur notre chemin des ours blancs, mais y aura t'il autant d'icebergs qu'au Pole Sud et serons nous autant subjugués par la beauté des paysages???  Surprise....  en tout cas, c'est avec beaucoup d'impatience que nous faisons la queue au comptoir d'enregistrement pour notre vol en direction de KANGERLUSSUAQ, les filles sont un peu inquiètes car la moyenne d'age est quand même très élevée, nous sommes surement les plus jeunes et il n'y a aucun enfant. Ah!!  mais si, la bas, devant nous, un jeune couple avec 2 jeunes filles de l'âge des nôtres, ouf, nous sommes sauvés. Il va falloir rapidement faire connaissance avec ces personnes. Nous deviendrons très vite amis et complices de moments inoubliables.

Première impression de partir au bout du monde quand l'hôtesse au comptoir d'enregistrement nous demande ou se situe KANGERLUSSUAQ?  

Puis à bord de l'avion, première émotion quand, à travers le hublot, nous devinons la cote Est du GROENLAND avec ses montagnes, ses glaciers puis l'immensité de la calotte glaciaire. 

Nous arrivons à KANGERLUSSUAQ en début d'après midi, petite ville de 600 habitants  qui s'est développée à partir de 1941. Après la prise du Danemark par les allemands durant la 2ème guerre mondiale, la défense du Groenland est passée entre les mains des États Unis. Ces derniers installèrent des bases militaires qui furent abandonnées en 1992. La ville dispose du seul aéroport international du GROENLAND.

Avant d'embarquer sur le bateau, vous faisons une excursion  dans les environs de KANGERLUSSUAQ et nous approchons au plus près delà banquise. Nous empruntons des routes gravillonnées puis des pistes sablées pour atteindre le glacier RUSSEL. Point de départ des raids pour traverser la banquise

Le GROENLAND est une île formée d'un immense bassin, la calotte polaire, entourée de bordures montagneuses qui ont favorisé et permis de retenir l'accumulation de neige depuis plusieurs milliers d'années. Écrasée sous son propre poids, la neige expulse l'air qu'elle contient et se transforme en glace pour former la calotte polaire ou "inlandsis"

Elle peut atteindre 3500 mètres de hauteur et elle recouvre 85% de la surface totale du pays. Sur ses bords, se dresse un immense mur ondulé de séracs de plusieurs dizaines de mètres qui s'appuie sur de vastes dépôts de moraines. 


Enfin, nous embarquons sur le bateau.
Nous avons la joie de retrouver à bord le Commandant Garcia qui était à bord du "Diamant" lors de notre voyage en Antarctique ainsi que de nombreux naturalistes, dont Nicolas Dubreuil, notre chef d'expédition. 

Le bateau est luxueux, les cabines superbes et le personnel charmant; nous nous préparons pour la rituelle mise en situation d'urgence ou tout le monde doit se rendre sur le pont avec son gilet de sauvetage pour connaitre les consignes de sécurité et les conduites à tenir en cas d'évacuation. Puis nous sommes conviés au théâtre ou les naturalistes nous présentent les prochaines sorties, et notamment celle prévue demain à ILULLISAT

Nous empruntons le plus grand fjord du GROENLAND, le SONDRE STROMFJORD, long de 185km, pour atteindre la pleine mer.  C'est parti !!! 

La navigation de nuit se fera sur une mer calme  (sans qu'il ne fasse nuit d'ailleurs car le soleil ne se couche pratiquement pas à cette période de l'année) et le clapotis des vagues sur la coque du bateau sera notre berceuse pour passer notre première nuit tranquille sur le bateau.

Direction baie de DISKO


2ème jour: Kangerlussuaq- Baie de Disko

Je me rappelle encore  l'interrogation que j'avais avant de partir: verrons nous des icebergs ??

Des le lendemain, à l'approche d'ILULLISAT (dont le nom signifie "village aux icebergs"), nous commençons à apercevoir d'immenses masses glaciaires dérivant sur l'eau. De toutes les formes, de toutes les couleurs de bleu, ces sculptures de glace nous offrent un magnifique spectacle. Le commandant nous offre une croisière au plus près des icebergs, au milieu de ces monstres de glace et en début de matinée, le bateau mouille dans la baie de DISKO ou nous allons passer 2 jours. La commune d'ILULLISAT, située à 250km au Nord du cercle polaire, a été classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2004

 

Il faut savoir que 80% de l'iceberg se trouve sous la surface de l'eau et comme le relève l'expression "partie immergée de l'iceberg", on ne peut pas définir ce qui se trouve en dessous. Au large de la terre de Baffin, on a relevé des traces faites par des icebergs à 350 mètres de profondeur au fond de la mer.

A l'issue de leurs dérives dans la baie de Baffin, ils atteignent le Labrador et à ce niveau, les eaux plus chaudes se chargent de les faire fondre. Si leur trajet jusqu'à ce point a duré plusieurs années, ils peuvent alors fondre en seulement 2 semaines. 


3ème jour: Baie de Disko

 

Le Boréal est au mouillage devant la ville d'ILULLISAT, cette petite ville de 4500 habitants

Il semble impossible de débarquer du fait des glaces trop abondantes. Puisque nous ne pouvons pas aller à l'encontre des habitants de cette ville, ce seront eux qui viendront à nous: une dizaine de bateaux de pêcheurs viennent appareiller pour apporter de l’approvisionnement nous emmener naviguer au milieu des icebergs. 

Sous un magnifique ciel bleu, nous embarquons sur ces frêles embarcations, ou il y a un relent d'odeur de mazout et de poissons mais nous l'oublions très vite devant le spectacle qui s'offre à nous.

Le petit bateau sur lequel nous sommes montés, se fraye difficilement un passage sur cette mer encombrée de glace, des millions de glaçons scintillent comme des étoiles sur cette eau turquoise et viennent flirter avec la coque du bateau pour nous offrir des petits bruits pas très rassurants, provoquant même parfois des secousses assez fortes.

Mais la dextérité de notre pilote nous rassure, il connait parfaitement ces eaux et ses dangers.  Ce décor pourrait être effrayant mais il prend ici une toute autre dimension. 

Une magnifique rencontre dans ce décor irréel: tout près de nous, une baleine et son petit viendront nous rendre visite. 

L'après midi, les zodiacs nous emmènent dans le fjord SERMERMIUT, où arrive la langue glaciaire du glacier SERMEG KUJALEG, l'un des rares glaciers permettant à l'inlandsis, immense masse de glace continentale, d'atteindre la mer

L'inlandsis se fracture alors et donne les icebergs qui viennent dériver sur les eaux du fjord. Le SERMEG KUJALEG est l'un des glaciers les plus actifs au monde, son vêlage (fragmentation de la glace) annuel est de plus de 35km et il produit en une journée l'équivalent de la consommation annuelle en eau de la ville de New York.

90% des icebergs de l'hémisphère Nord proviennent de ce glacier.


Bien emmitouflés dans nos doudounes, nous ouvrons tous nos sens devant ce spectacle grandiose, nous zigzaguons entre les icebergs éclairés à la fois par le soleil de minuit qui tente de se coucher et une pleine lune qui se lève; comme si ces deux astres s'étaient donnés rendez vous spécialement pour nous. 

 

Le spectacle est fascinant, pas de mots assez forts pour décrire une telle beauté! Des dizaines d'icebergs, hauts comme des immeubles avec des nuances de bleu, des zébrures et des formes parfois surprenantes pouvant évoquer des ressemblances humaines. D'ailleurs la langue groënlandaise est riche en mots pour décrire ces montagnes de glace: les arrondis, lisses avec leurs reflets cuivrés sont des "ilullisat", les tourmentés, hérissés de pics et fissurés sont des "manitsoq"


4ème jour: Cote ouest du Groenland

Après un dernier ravitaillement à ILULLISAT, la navigation reprend sous un ciel couvert en direction du Nord. Navigation délicate sur une mer agitée entre les icebergs de toutes tailles et de toutes formes.

Après quelques heures de navigation, une sortie en zodiac s'organise pour nous permettre de nous approcher des orgues basaltiques qui sont des formations géologiques, composées de colonnes régulières, résultant du refroidissement lent du basalte. A partir de là, des fissures se forment, créant ces fameux prismes. Ces derniers sont de forme hexagonale et s'étalent verticalement sur plusieurs mètres de hauteur. Le refroidissement de la lave se ralentissant au fur et à mesure de la coulée, des fissures se produisent alors dans les niveaux inférieurs. Les prismes deviennent alors de plus en plus nombreux et de plus en plus fins.

Navigation au milieu des nombreux icebergs qui font la joie des passagers mais qui créent une énorme tension sur la passerelle. Tout l'équipage est concentré et suit les directives du commandant et du capitaine des glaces, habitué à naviguer sur ces eaux glacées ou le danger est permanent et ou la moindre inattention peut être fatale.

 

Un silence religieux règne sur la passerelle, il est ponctué par les ordres du commandant au second:  "2 à droite, confirmation: la barre est 2 à droite" ou "0 la barre: confirmation:la barre est à 0"

En tout cas pour nous, c'est toujours le même émerveillement: lumières, reflets, scintillements, oiseaux qui passent au dessus de nos têtes et craquement sous nos pieds lors du frottement de la coque sur les glaçons... Quel voyage !!!!


5ème jour: Karrat- Aapilatoq

Le Boréal continue sa navigation vers le Nord en suivant la cote Ouest du GROENLAND pour nous amener à notre prochain lieu de débarquement et de découverte: c'est une petite île qui porte le nom de KARRAT. C'est face à une petite plage de graviers noirs que le Boréal jette l'ancre. 

A notre débarquement en zodiac, il se dégage de cet endroit une ambiance particulière, empreinte de solennité et de respect. Le ciel, d'un gris intense et menaçant contribue aussi à cette atmosphère. 

Sur cette île, se trouve un ancien village de la civilisation de Thulé, les ancêtres de tous les inuits groenlandais actuels. 

Les premiers inuits, venus du Canada seraient arrivés sur cette île, il y a 4500 ans mais plusieurs civilisations distinctes se sont succédées au cours des siècles. Le climat froid et sec du GROENLAND a permis la conservation de nombreux sites archéologiques. Située dans la municipalité de QAASUITSUIP, l'ancien village de KARRAT est un site archéologique, présentant les vestiges de la civilisation de Thulé avec les traditionnelles maisons enterrées en tourbe et en pierre. Les villages étaient situés à proximité de l'eau car ils vivaient essentiellement de la pêche.. Ils circulaient en traineau ou en kayak selon la saison. Leur ingéniosité  et leur habileté leur ont permis de développer des techniques adaptées à la chasse et à la pêche. 

Le sol étant gelé sur une grande partie de l'année, ils ne pouvaient pas enterrer les corps des défunts et les sépultures étaient donc juste recouvertes de pierres. Le site de KARRAT étant inoccupé, les tombes se sont dégradées et ont laissé apparaitre les ossements. Nous découvrons ces petits monticules de pierres, à peine distincts dans ce paysage rocailleux, sous lesquels reposent les ossements des membres de cette ancienne civilisation.

Les liens entre la culture de Thulé et les Inuits sont à la fois biologiques, culturels et linguistiques, tandis que les liens avec les Vikings sont pratiquement inexistants. Ainsi, l'étude des dents des crânes, permet de dire si elles appartenaient à la civilisation de Thulé ou aux Inuits car ces peuples tannaient les peaux, notamment celles des phoques, avec leurs dents

Malgré la rudesse du climat, la végétation est tout de même présente, en particulier la saule arctique, la renoué vivipare, la cassiope, les airelles...


L'après midi, nous débarquons dans un petit village coloré et pittoresque de la côte: AAPPILATTOQ. Cet endroit se situe dans l'archipel d'UPERNAVIK, un immense archipel de petites îles sur la côte Nord-Ouest de la mer de Baffin. D'une population de 150 habitants,le village vit principalement de la chasse et de la pêche. La complexité pour comprendre la survivance de tels villages est d'arriver à mettre en parallèle la réelle volonté des habitants de pérenniser des traditions ancestrales telles que la chasse au narval, (toujours effectuée dans les règles de l'art, en kayak et avec uniquement un harpon), et le désir de s'adapter à un mode de vie plus moderne, mode de vie vers lequel les jeunes sont de plus en plus tentés de se tourner.

Chaque maison rassemble autour d'elles des traces de la vie quotidienne. Ici, pas de jardin et aucune clôture: la terre est roc ou boue, oscillant entre le gel et le dégel toute l'année. Impossible de cultiver, et en raison du difficile acheminement des produits et du cout que cela représente, tout est conservé: du clou, du bout de ficelle, du morceau de bois jusqu'au moteur de bateau. Cela peut faire croire à un véritable capharnaüm, mais pas du tout, chaque habitant sait exactement ce qu'il a entreposé sous sa maison. 

Cet endroit captivant de beauté et de simplicité nous réserve beaucoup d'émotions, de spontanéité et de gentillesse de la part des habitants qui nous accueillent à bras ouverts, ravis de ce divertissement que nous leur offrons et flattés  de notre présence sur cette île du bout du monde. Nous aurons même la chance de gouter à leur gastronomie locale, telle la viande de phoque et de baleine. 

Nous sommes également accueillis par les nombreux chiens qui occupent l'île. Il ne faut surtout pas les approcher et les caresser car ils risqueraient de nous mordre: du fait qu'ils n'ont aucune activité (leurs activités principales étant en hiver avec les traineaux) ils sont très peu nourris et ils prendraient facilement notre main pour un morceau de viande !! C'est pour cette raison que les propriétaires les attachent au pied de leurs maisons. 

L'état groenlandais, largement aidé par le gouvernement danois, se développe grâce aux subventions et depuis une dizaine d'année, un renforcement du tourisme a permis au pays de diversifier ses activités et de stabiliser progressivement son économie. Par ailleurs, le GROENLAND, et le DANEMARK comptent beaucoup sur la recherche minière et le pétrole qui offriraient aux deux pays une ressource non négligeable; des accords ont déjà été signés stipulant que les premiers revenus de l'exploitation seront divisés par deux entre les pays. 

Richesse, mais synonyme aussi de risque de pollution et de perte de leurs identités. 

Les Inuits, un peuple fragile: la superficie du GROENLAND, la plus grande île du monde, couvre 5 fois celle de la France. Cependant, le pays est recouvert à 85% par la calotte polaire, ce qui limite les zones d'habitations. A partir de la vile d'ILULLISAT, le Nord du pays est pris dans les glaces la moitié de l'année et le seul moyen de déplacement est le traineau ou l'avion. La population d'environ 5000 habitants se concentre principalement dans les villes de plus de 1000 habitants. L'espérance de vie est de 65 ans (soit 15 ans de moins qu'en France) et les principales causes de mortalité ne sont pas, comme on pourrait le penser, l'alcool ou la rudesse du pays, mais surtout des accidents: les groenlandais ne savent pas nager, or, leurs principales activités est la pêche, ce qui pose évidemment des problèmes de noyade. A noter que les deux premières causes d'hospitalisation sont les morsures de chiens et les MST.

Dans les villages, l'écart existant entre le monde traditionnel, perpétué par les anciens et le monde occidental, imaginé par les jeunes et aperçu au travers des séries télévisées anglo-saxonnes, engendre une  véritable remise en question du mode de vie et une interrogation sur la nécessité de poursuivre ou non dans cette voie. Un véritable malaise s'installe chez les jeunes car ils sont partagés entre ces deux mondes et il existe un fort taux de suicide chez eux.

Les adultes, quant à eux doivent faire face aux quotas de chasse et de pêche qui leur sont imposés, ce qui les limite dans leurs activités et ce qui diminue énormément leurs revenus. Ils sont aussi confrontés à la fonte des glaces de plus en plus précoce chaque année, rendant leur activité de plus en plus difficile. 


6ème jour: KULLORSUAQ

 

Nous poursuivons notre voyage en quittant à regret ce village et ses habitants si accueillants et paraissant tellement heureux de voir des étrangers leur rendre visite et s’intéresser à leurs modes de vie. Peu de distractions pour ces inuits vivant dans ces terres reculées, coupées du monde pratiquement 6 mois de l'année. Notre navigation se fait au milieu des icebergs de plus en plus fréquents au fur et à mesure que l'on s'approche du Nord du Groenland


Kullorsuaq signifie "gros pouce " en groenlandais, ce village porte ce nom en raison de l'étrange montagne surplombant le village et ressemblant à un pouce pointé vers le ciel. La population est de 400 habitants et c'est le village situé le plus au Nord du Groenland.

Il demeure l'un des derniers village à pratiquer la chasse à l'ours . Limité par des quotas et des permis, seul un ours par an et par famille peut être chassé.

La petite maison rouge ci contre est la maison que Nicolas Dubreuil, notre chef d'expédition, passionné du grand Nord, a achetée.  Ici, malgré l'isolement géographique et la difficulté d'accès,  le mètre carré vaut très cher car il y a très peu de surface habitable. C'est un grand privilège pour Nicolas d'avoir pu acheter cette cabane et c'est en remerciement pour son amitié avec les inuits, que ces derniers lui ont proposé cette maison, complètement délabrée et insalubre. 

L'époque des igloos est bel et bien révolue, aujourd'hui, les inuits vivent dans des maisons chauffées toute l'année. Afin de répondre à une forte demande d'électricité dans les villages, ces derniers se sont équipés de groupes électrogènes alimentant chaque maison. En revanche, le climat étant difficile et l'hiver les températures pouvant descendre jusqu'à -40°C, il n'y a pas d'eau courante dans les maisons et l'approvisionnement en eau se fait à l'extérieur, dans des petites cabanes réparties dans le village, accessibles à tous, dans lesquelles l'eau des lacs situés en amont du village est acheminée . Qui dit pas d'eau courante, dit aussi pas d'évacuation, pas d'égouts, ce qui justifie la mise en place d'un système particulier de traitement des déchets ménagers. Tout est recueilli dans des sacs en plastique et chaque habitant participe à tour de rôle au ramassage des ordures.

Esquimaux, Inuits ou Groenlandais?

Politiquement tous les habitants du Groenland sont des groenlandais. Historiquement, ce sont les premiers missionnaires français qui les ont appelés esquimaux vers 1611, ce qui signifiait "mangeurs de viande crue" Le terme a été repris dans le monde entier. En revanche, Inuit est le terme employé pour désigner les populations circumpolaires, situées dans la zone comprenant l'Alaska, le Nord du Canada, et le Nord du Groenland. En groenlandais, il signifie les "êtres humains" du pays. Au Groenland, ce terme est toujours utilisé pour désigner spécifiquement les habitants des régions les plus au Nord.

Le mot esquimau n'est plus guère employé, il est presque péjoratif, indiquant des conditions de vie primitives.


Lors des grandes occasions, les groenlandais continuent de revêtir leurs costumes traditionnels. Si celui de l'homme est très sobre, la tenue des femmes est riche en couleurs et en textures: les bottes ou kamiks sont brodées, le short est en peau de phoque et la tunique, décorée à la main est rehaussée d'une collerette de perles. La confection des vêtements reste le domaine privilégié des femmes.

Si l'image d’Épinal de l'inuit reste celle d'un homme habillé tout en peaux, il est intéressant de noter que dans le Nord du Groenland , les hommes portent encore des pantalons en peau d'ours lorsqu'ils partent à la chasse ou à la pêche.

Pour les remercier de leur accueil dans leur village, les habitants seront invités à monter à bord du bateau et ils nous interpréteront des chants traditionnels. Avant leur départ, ils feront une petite halte au bar où ils feront une razzia de sodas, échangeront avec les passagers (certains parlent anglais) puis retourneront dansle silence du Nord et la solitude des icebergs. Rencontre très émouvante


7ème jour: Traversée en mer, direction le Nord du Canada

Navigation au large de la mer de Baffin au milieu d'icebergs aux couleurs changeantes suivant la lumière environnante. Pas de mots pour décrire un tel spectacle, tout est glacial, silencieux, comme figé dans le temps. 

Nous naviguons en direction du Nunavut en longeant la cote Nord Ouest du Groenland avant de traverser la mer de Baffin. Nous croisons le cap York ou Innaangang, cap situé le plus au Nord Ouest du Groenland. Au sommet du cap, un monument est érigé en mémoire de Robert Peary qui aurait été le premier à atteindre le Pôle Nord en Avril 1909. Cette expédition est remise en question car les carnets de voyage de l'explorateur montrent des données lacunaires voire totalement irréalistes. La conquête du Pôle Nord a été sujette à de nombreuses discordes et il semble admis que le premier à avoir atteint le Pôle Nord serait Ralph Plaisted en 1968 en skidoo. Si la conquête du Pôle a été si longue (le Pôle Sud a été atteint en 1911) deux raisons principales sont à retenir: tout d'abord un dédain, durant plus d'un siècle, pour les techniques esquimaudes mais aussi une "avancée à reculons" des glaces dérivantes qui les faisaient parfois reculer de plusieurs kilomètres par jour.

Aujourd'hui l'océan Arctique reste le plus méconnu de la planète et de nombreuses zones demeurent non cartographiées.


8ème jour: Pond Inlet

Pond Inlet ou Inuktitut se situe au Canada sur le territoire du Nunavut à l'extrême Nord de la terre de Baffin.

L’île de Baffin , aussi nommée terre de Baffin est une des îles de l'archipel arctique canadien, dans le territoire de Nunavut. Elle est partiellement recouvertede glaciers

Le Nunavut est le plus grand territoire inukophone du Canada. Nunavut signifie "notre terre" en inuktitut. La densité de population du Nunavut est seulement de 0,015 habitants au Km2 ce qui représente une des plus faibles au monde. En comparaison, le Groenland qui fait pratiquement la même superficie abrite deux fois plus d'habitants.

 
 

Avec 1300 habitants, la ville s'est développée ces dernières années, en grande partie grâce au tourisme. Si cet ancien village inuit présente encore quelques traces de cette culture: la langue l'inuktitutou encore les amautiq (des vêtements à capuche pour porter les enfants), il semble que la modernité ait pris le dessus et maintenant les attelages de chiens de traineau ont tous été remplacés par des skidoo ou des quads (cela étant possible car le Canada dispose de ressources en pétrole dans ces régions)

Malheureusement le tourisme a aussi ses inconvénients car depuis quelques années il se développe au Nunavut une nouvelle activité: la chasse à l'ours blanc. Incroyable mais vrai; alors que l'ours blanc voit sa population décliner rapidement à cause du réchauffement climatique et des pollutions, l'homme le chasse , non pas pour se nourrir mais pour le loisir et la fierté d'avoir parmi ses trophées l'ours polaire.

L'ours figure parmi les plus gros mammifères vivant sur terre avec un poids pouvant atteindre plus de 600Kg. Cela ne l'empêche pas d'être un excellent sprinter et un excellent nageur et on le considère plutôt comme un mammifère marin puisqu’ils passe le plus clair de son temps, non pas sur terre, mais sur la banquise qui dérive sur l’océan Arctique. En fait, il y passe sept mois, parce que c’est sur ces plates formes de glace qu’il trouve l’élément principal de son régime alimentaire : le phoque. Mais avec la fonte des glaces de plus en plus importante, l'ours voit son habitacle diminué et sa période, réservée à la chasse et au prélèvement de nourriture, indispensable à la constitution de ses réserves de graisse, est donc raccourcie.

 


9ème jour: Côte Est du Nunavut

 

Navigation le long de la côte Est du Canada, de belles rencontres sous une lumière digne du grand Nord, tamisée par la brume qui flotte sur l'eau et qui donne une ambiance un peu mystérieuse

Le voila enfin, le roi de l'Arctique: l'ours polaire. Nous découvrons une femelle et son petit marchant le long des falaises. Ça semble un véritable apprentissage pour ce jeune ourson qui doit franchir des gros blocs de roche, sauter et nager dans l'eau, puis escalader une paroi abrupte, toujours un peu à la traîne mais maman veille, mêmes i elle a beaucoup d'avance sur son ourson, elle garde un oeil attentif sur ce dernier et fait de nombreuses pauses pour l'attendre.

Un autre animal emblématique de l'Arctique: le phoque. Il en existe 18 espèces et les plus fréquents en Arctique sont le phoque barbu et le phoque du Groenland.

Le phoque barbu se caractérise par une petite tête ornée d'importantes vibrisses qui ressemblent à des moustaches. C'est le plus gros phoque après l'éléphant de mer.

Le phoque du Groenland est lui plus reconnaissable avec ses taches sombres qui parsèment son dos. C'est sans doute le phoque le plus médiatisé car le petit , appelé le blanchon, a été l'image de nombreuses campagnes de défense des animaux et de lutte contre la chasse aux phoques.


10ème jour: Isabelle Bay

 

Notre croisière se poursuit dans le silence de l'Arctique. Nous croyons être seuls au milieu de cette immensité mais un compagnon de voyage s'est joint à nous: un ours blanc, seul, nageant au large de la Mer de Baffin. Ou peut il aller? Peut être a t'il flairé un phoque car il faut savoir que l'ours a les sens de la vue et de l’ouïe très aiguisés mai son flair est lui aussi remarquable (des chercheurs ont suivi un phoquesur64Km jusqu'à un phoque qu'il avait sans doute flairé) 

Les ours blancs sont des animaux solitaires. Excellents nageurs grâce à leur couche de graisse, ils peuvent être vus en pleine mer à des centaines de mètres de toute terre. Ils nagent en utilisant leurs pattes avant pour se propulser et leurs pattes arrières comme gouvernail. Le pelage se gonfle d'air pour augmenter la flottaison. Sous l'eau, les yeux restent ouverts mais les narines se ferment, ils peuvent ainsi retenir leur respiration jusqu'à deux minutes


Baleine franche du Groenland, reconnaissable grâce aux zones grises et blanches sur sa queue. Elle est dépourvue de nageoire dorsale car elle vit dans les eaux froides et pour pouvoir respirer l'hiver lorsque la mer gèle, elle va casser la glace avec son dos d'où l'absence de nageoire.

Isabelle Bay est un ancien port d'exploitation par les baleiniers à partir de la fin du 19ème siècle. Ce port était situé à une position stratégique pour la pêche des baleines franches du Groenland.


11ème Jour: Glacier Coronation

Durant ces 6 dernières années, le glacier Coronation a reculé de 200 mètres. Il est situé au Sud Est de l'île de Baffin. Les glaciers et les calottes polaires ont toujours été mieux protégé que le reste de la planète car ils ont été longtemps inaccessibles.S'ils sont des réserves naturelles et écologiques exceptionnelles, ces endroits représentent avant tout la plus grande réserve d'eau douce mondiale. Au Groenland, on a observé un recul des glaciers ce qui a comme conséquence une augmentation du débit de glace et une déstabilisation du bilan de masse de l’inlandsis qui en est la source. Depuis 2000, on a observé le recul de plusieurs très grands glaciers qui pendant longtemps étaient restés stables. Le recul continue des glaciers aura un certain nombre d'impact quantitativement différents: cela va de la disparition de nombreuses espèces de plantes et d'animaux, (dont la survie dépend de l'alimentation en eau des glaciers) à une élévation du niveau de la mer.


12ème jour- Retour Kangerlussuaq

Notre voyage approche à sa fin, retour à la case départ à Kangerlussuaq. Notre débarquement s'accompagne d'une balade en ville pour l'achat d'éventuels souvenirs. Mais quel contraste, quitter les étendues glacées, figées dans la glace et silencieuses pour retrouver l'agitation d'une petite ville avec des routes, des gens partout, des voitures et des quads qui pétaradent. NON , je veux retourner là bas....

Mais tout a une fin et il faut malheureusement quitter ce pays du bout du monde avec ses lumières, ses habitants, ses animaux ...