1er Février 2016
L'heure du départ a sonné, un vol de 4h30 pour faire Helsinki- Rovaniémi, équivalant à 3500Km. Voilà, finie la grisaille parisienne et place aux paysages enneigés, glacés ou règnent le silence et la quiétude. Bienvenue en Laponie finlandaise.
La Finlande jouxte 3 frontières: la Norvège, la Suède et la Russie et la Laponie finlandaise, située au niveau du cercle polaire occupe 30% de la superficie de la Finlande. C'est la région ayant la plus faible densité de population: elle abrite seulement 3% de la population, en majorité des samis avec moins de 2 hab./km². Pas étonnant que nous ne croisions pas beaucoup de monde et que les routes soient désertes!
Nous atterrissons à Rovaniemi qui est la capitale administrative de la Laponie, mais aussi le lieu de résidence du Père Noël. Comme son adresse est tenue secrète, quelque part dans la forêt, en pleine nature, nous ne le verrons pas, par contre, nous rencontrerons les cousins du célèbre Rudolph, le fidèle compagnon à quatre pattes du Père Noël.
La Laponie sort de son « kaamos », période de l'année de pénombre mystérieuse, qui s’étend de décembre à janvier et durant laquelle le soleil ne se lève jamais. Cependant il y a quelques heures de lueur entre 10 heures du matin et 3 heures de l’après midi (cette période de clarté dure environ cinq heures). La blancheur de la neige accentue la luminosité et il ne fait pas réellement nuit noire.
En Février, le soleil commence à faire son apparition et son retour au ras de l'horizon ajoute une note féérique, en diffusant une lumière très douce qui colore les lacs gelés et les forêts de rose, de parme, de violet, et bleu pâle. Comment résister à cette lumière si singulière et si mystérieuse, caractéristique des régions nordiques, à ses levers et couchers de soleil qui s'éternisent , et à cette ambiance envoutante ou tout est figé par le froid. Les journées très courtes nous font perdre nos repères et nous n'avons plus aucune notion du temps: attendre 9 heures pour voir le lever du soleil et être dans l'obscurité dès 17 heures nous fait prendre conscience qu'il faut profiter de ces quelques heures de lumière avant de se laisser envelopper par la nuit polaire.





A notre arrivée, Dame Nature nous gratifiera d'un magnifique ciel bleu et de ses fameuses lumières pastels.
Sur la route, une pause photo s'impose pour capter le coucher de soleil le long d'une rivière gelée et d'un lac, se recouvrant peu à peu d'une brume de chaleur car après ces longues nuits hivernales, dès que le soleil apparait, les températures remontent légèrement et réchauffent le sol, donnant ainsi ce voile de brume.
2 Février 2016
Chaussés de nos raquettes, couverts jusqu'aux oreilles , sac photos sur le dos, nous voila partis à la découverte du Parc national du Riisitunturi qui est un parc national de Finlande, au sud-est de la Laponie, sur le territoire de la municipalité de Posio. Il couvre une superficie de 77 kilomètres carrés.
Nous démarrons notre randonnée en suivant un sentier, visible uniquement par les traces d'autres randonneurs (les balises étant complètement enfouies sous la neige) au milieu d'une forêt de pins sylvestres, d'épicéas, de sapins et de bouleaux, recouverts d'une épaisse couche de neige et de gel sous toutes leurs coutures. Philippe "le sportif" est un peu à la traîne , cela ne l'empêche pas de nous prendre en photo et avec son autorisation, je joins ses clichés.
Dommage, le soleil n'est plus au rendez vous, une fine pellicule de neige commence à tomber, le plafond nuageux devient de plus en plus bas, une légère brume recouvre la forêt et le paysage devient monochrome: du noir et blanc tout autour de nous. Mais la magie de cette forêt de conifères blancs se fait déjà sentir, plus aucun bruit autour de nous, c'est le silence absolu; l’esprit se vide alors de toutes pensées polluantes et tous nos sens se mettent en éveil à l'écoute de cette nature préservée et vierge de toutes pollutions humaines. Des êtres invisibles semblent habiter cette forêt et on est presque déçu de ne pas rencontrer un troll ou une petite fée des neiges au détour du sentier.
Dans la mythologie Sami, tout ce qui est sur terre est doté d’une âme, si bien que chaque chose ou chaque être vivant possède sa propre histoire. Les rochers et les arbres, les renards et les rennes, les aurores boréales et le ciel ainsi que le couteau dans la main de l’éleveur de rennes sont également porteurs de tout le savoir et de toute la sagesse du monde.
En hiver
En été
Pendant la montée, nous avons pu faire connaissance avec l’autre légende du lieu: la ”Table de Tapio”. Il s’agit d’un épicéa qui n’a pas de sommet et qui grandit en largeur mais pas en hauteur.Dans les temps anciens, les chasseurs finlandais avaient l’habitude de poser à son pied une pièce du premier gibier tué à chaque nouvelle période de chasse; c’était une offrande à Tapio, le Grand Esprit de la forêt selon les croyances païennes. Ces dernières sont d’ailleurs encore très vivaces dans la culture finlandaise.








Peu à peu, au fur et à mesure de notre ascension, la forêt devient de plus en plus clairsemée, les arbres de plus en plus petits et nous avons de plus en plus de mal à avancer dans une poudreuse profonde ou nous nous enfonçons jusqu'aux genoux. En fait, plus nous montons, plus l'air devient humide et les chutes de neige importantes. La neige s'accumule alors au pied des arbres pour faire disparaitre leurs bases et former un cône de plus en plus haut ce qui donne une forme inhabituelle aux arbres, quant aux branches, elles se chargent de cette neige qui s'accumule, durcit avec le froid pour devenir une véritable carapace de glace, transformant les arbres en "tykky" (le mot finlandais pour désigner l'accumulation de la neige dure et du gel sur les arbres).
La petite taille des arbres s'explique par toutes ces contraintes que leur fait subir la nature: un hiver très long durant lequel ils doivent supporter et endurer des températures extrêmes, braver des tempêtes de neige les recouvrant entièrement de neige puis de glace, puis connaître un été très court durant lequel la sève n'a pas le temps de monter dans les troncs et de les nourrir suffisamment. Pour moi, ces arbres sont des êtres à part, de véritables réincarnations d'êtres formidables, solides, combattifs car survivre dans de telles conditions demande une énergie particulièrement puissante.
Après 1h30 de marche, nous arrivons au sommet où une vue panoramique s'offre à nous sur le lac Kitkajärvi, et plus à l’est sur la station de ski de Ruka (station de ski la plus populaire de Finlande avec ses 28 pistes entretenues par des canons à neige: à cause du froid la neige gèle et devient une vraie patinoire; il faut donc ajouter de la neige artificielle ; un comble au royaume des neiges), le parc national d'Oulanka ( à 10km de la frontière russe) et le parc national de Paanäjarvi en Russie.
Une légère amélioration du temps va transformer le monochrome en un dégradé de gris. Pas facile les photos !!!
Sur le sommet de la colline, exposés au vent et au froid, les arbres deviennent alors de véritables sculptures, mi-humaines, mi-animales: ce sont les sentinelles de l'arctique, gardiens des lieux mais la plupart des arbres ne peuvent pas supporter l'immense poids de la neige, et ils se courbent de manière impressionnante et certains ne passent pas l'hiver.
Laissons libre cours à l'imagination et devinons qui se cache derrière ces arbres ...
Brisby (notre lapin) nous a rejoint , un peu plus loin, un caniche, là bas un éléphant, et tout autour de nous des centaines d'humains courbés de douleur
Cet endroit envoutant méritera que l'on revienne durant la semaine pour peut être le voir sous le soleil ? mais ne serait ce que pour entendre de nouveau craquer la neige sous nos pieds, nous enfoncer dans la poudreuse jusqu'aux genoux, écouter le silence, plonger dans ce blanc immaculé et communier avec les arbres.
Après une telle journée, dans le froid et la neige, rien de mieux que de profiter de nos charmants chalets et de plonger dans la chaleur de notre sauna. En Finlande, le sauna est indissociable de la culture finlandaise et dès le plus jeune âge, ils pratiquent ces ablutions et ils ne les quittent plus tout au long de leurs vies. Partager un sauna avec quelqu’un revient à tisser des liens en abordant des sujets de conversation qu’on considère essentiels à un titre ou un autre. C’est si vrai que bien souvent, les grandes décisions économiques sont nées en Finlande sur les gradins des saunas et non pas dans les salles des conseils d’administration.
Notre chalet au début du séjour, pas trop de désordre encore, mais ça ne va pas durer....
3 Février 2016
Direction le Parc d'Oulanka, à la frontière russe. Le trajet en voiture sur ses routes désertes, parfaitement entretenues est un véritable spectacle. Personne, nous sommes "into the white", seuls au milieu de ces forêts enneigées; parfois on croise une personne à un arrêt de bus, ou un cycliste ou un piéton seul sur la route, loin de toute bourgade.
Le Parc National d'Oulanka est situé au nord de la ville de Kuusamo et de la station de ski de Ruka. Il est connu pour son célèbre itinéraire de grande randonnée, le circuit de l’Ours : Karhunkierros. Ce parc national est l’un des plus réputés de Finlande et il est très fréquenté en été pour ses randonnées.
Équipés de nos raquettes, nous empruntons une portion du parcours de l'ours pour arriver à un refuge et découvrir des gorges magnifiques, des spectaculaires canyons où coulent les rapides charriant une eau sombre et glacée. Un pont suspendu permet de traverser la rivière mais prudence, la neige le rend très glissant.
C'est le moment de sortir les filtres et le trépied, les pauses longues s'imposent.
Pour clôturer la journée, sortie en moto neige de nuit sur les rives du lac. Grande première pour moi qui n'ai jamais conduit de tels engins! Nous enfilons nos tenues prêtées par le guide: une combinaison de ski, des gants, un casque, une cagoule…pendant que le guide nous explique ce que nous allons faire et nous donne les consignes de sécurité. Je prends les commandes et démarre doucement. Je sens que Philippe à l'arrière n'est pas du tout rassuré, pas facile de prendre les virages avec un engin aussi lourd, et j’ai peur de nous renverser à chaque virage, mais peu à peu je me familiarise avec cette conduite et deviens de plus en plus confiante. Grisée par le paysage qui défile autour de moi, je ne sens même pas la morsure du froid sur le visage. Tout simplement magique!!
4 Février 2016
Ciel couvert encore ce matin et températures à la baisse, mais la météo annonce une éclaircie pour l'après midi, nous pourrions quitter le monochrome pour revivre les lumières pastels du grand Nord
En attendant, direction les chiens de traîneau ....
Qui dit Laponie, pense chiens de traîneaux. Nous nous rendons dans une ferme familiale d'élevage de huskies où une centaine de chiens forment le cheptel. A notre arrivée, une agréable odeur vient nous chatouiller les narines et des dizaines de chiens viennent nous dire bonjour en nous sautant dessus, en tentant de nous lécher le visage; quel accueil chaleureux. Nous devons faire attention ou nous marchons si nous ne voulons pas ramener un souvenir odorant sous nos bottes, et veiller à ne pas poser nos sol par terre car les chiens risqueraient de marquer leurs territoires dessus. Le propriétaire nous présente les lieux: les box pour les jeunes chiens pour les abriter du froid quand les températures deviennent glaciales, la salle des retraités pour les chiens âgés qui ne peuvent plus courir et l'aire de jeu clôturée où les chiens peuvent se défouler.
Certains chiens sont sur le point d'embarquer en voiture pour aller sur une aire de départ d'un raid de plusieurs jours. Ils sont complètement excités et montent avec joie dans la voiture et leurs cages.
Pendant ce temps, l'éleveur nous donne les instructions pour conduire notre attelage , ça ne semble pas difficile, tout ce qui nous avons à faire c'est de freiner les chiens et de diriger le traîneau dans les virages, nos amis à quatre pattes se chargeront du reste. Pendant une heure, nous allons vivre dans la peau d'un musher et le nez au vent, glisser à travers la nature vierge de Laponie accrochés à nos traîneaux de bois au son des aboiements des chiens. J'ai hâte !!
La préparation des attelages demande une parfaite connaissance des chiens, connaître leurs points forts ou faibles au niveau physique, leurs intelligences, leurs personnalités et leurs affinités entre eux pour éviter les bagarres. Tout d'abord, déterminer qui sera le chien de tête, éliminer le flemmard qui ne fera aucun effort, et équilibrer les attelages pour que chacun aille à la même vitesse. Les chiens les plus intelligents sont les leaders, ils sont devant et les plus physiques sont à l'arrière: l'intellect devant et le physique derrière !!.
L'excitation gagnent les chiens qui hurlent, aboient, se bousculent et sautent dans tous les sens, tous veulent partir en balade amis: Sushi, Pépé, Amore, Roger, Pédro... ils ont parfaitement compris qu'ils allaient bientôt être de sortie.
Tout le monde est prêt, les chiens et les mushers "en herbe". Arc-boutée de tout mon poids sur le frein pour retenir la meute impatiente, j'attends le signal du traîneau de tête pour démarrer, les chiens hurlent d'impatience. Enfin, le signal du départ est donné, les chiens se précipitent dans une course effrénée sur le lac et entre les arbres givrés, Sur 2 rangs serrés, les fils du loup retrouvent leurs instincts, le chien de tête aboie pour stimuler la meute, un jappement bref aussitôt absorbé par le manteau blanc du paysage.
Libres soudain, athlètes infatigables, les chiens suivent leur dresseur et ce n'est pas vraiment moi qui guide le traîneau, ce sont plutôt les chiens qui me guident mais j'ai quand même la sensation de vivre une véritable expédition dans le grand Nord !!!
De retour à la ferme, les chiens retournent dans leurs enclos, après une bon repas de viande (un peu fatigués quand même après cette course de 15Km) et nous, nous nous réchauffons sous un tipi où crépite un feu dans un braséro et où nous dégusterons des spécialités locales
Au revoir les chiens et merci .....
Nous terminons la journée sur un site complètement pris dans les glaces où la vie semble s'être arrêtée et où les arbres tentent de survivre
5 Février
Le soleil est de retour, vite profitons de cette éclaircie pour aller voir le lever du soleil.
Ce qui m'impressionne le plus, c'est que ce lever de soleil n'en finit pas: du fait que le soleil est très bas sur l'horizon, la lumière garde ses teintes roses, parme, et garde ses tonalités pastels, si douces et tellement en opposition avec la rigueur de la nature environnante.
Des arbres, encore des arbres, et toujours des arbres diront certains en voyant ces photos, mais une ambiance mystérieuse entoure ces arbres et une énergie particulière se dégage de ces lieux au milieu de ce silence on peut presque entendre les cris de souffrance des arbres
Nous retournons au Parc national du Riisitunturi pour profiter des lumières







Gardiens des lieux ou sex toys pour finlandaises?






Ramener de telles photos, ça se mérite et il faut braver les températures qui sont de plus en plus basses, les appareils ont du mal à supporter les -25°C , les batteries se déchargent très rapidement et au final, mon déclencheur aura aussi du mal à fonctionner , mais que c'est grisant ce froid glacial mais il faut veiller à ne rien laisser au dehors car tout gèle immédiatement
En été, vue du haut du Parc
Au même endroit en hiver
Mais la journée n'est pas terminée, le ciel dégagé reste ce soir et on annonce une faible activité électromagnétique, peut être une chance de voir des aurores. A peine le temps de diner et nous voilà repartis à la chasse des "nothern lights"






Nous aurons quand même des aurores pendant notre semaine finlandaise, de faible intensité et difficilement visibles à l’œil nu, seules les vitesses lentes de nos appareils parviennent à capter ces jeux de lumière mais la magie est tout de même présente et les étoiles scintillent de milles feux dans ce ciel dénué de toute pollutions lumineuses.
6 Février




Le renne est l'animal le plus courant en Laponie Finlandaise. On compte des milliers de têtes. On peut les voir dans la nature, au cœur des forêts ou au bord des routes mais la majorité vivent en élevage et certains lapons les utilisent pour gagner leur vie.
"Pour les lapons, l'élevage de rennes est une activité ancestrale mais avec l'apparition de l'industrialisme et sa diffusion jusque dans les régions montagneuses, les Lapons ont de plus en plus nettement converti leur économie naturelle en une économie financière. Autrement dit, le renne jadis utilisé pour la traite, les transports, la boucherie et la confection de vêtements avec les peaux, n'est plus aujourd'hui ou presque plus qu'un animal de boucherie. Il en résulte que la transhumance, en ce qui concerne les familles, a été écourtée et a même presque cessé en certains endroits. Les familles se sont fixées et groupées dans ce que l'on pourrait appeler des "résidences" (visten) installées dans les régions des pâturages de printemps et d'automne, aux alentours des contreforts, des forêts de bouleaux et de la zone supérieure des forêts de conifères. Et maintenant, les Lapons se consacrant exclusivement à l'élevage du renne sont de moins en moins nombreux et sont obligés de combiner l'élevage avec d'autres activités telles que la pêche, une petite culture plus ou moins primitive et depuis quelques années le tourisme". Extrait d'un article très intéressant sur l'évolution et la disparition ds lapons nomades . http://books.openedition.org/puc/827?lang=fr
Alors soyons de bons touristes et allons faire un tour de traîneau avec Rudolph et ses copains. Le fermier, en tête de l'attelage, conduit le renne en courant à coté de lui car il est impossible de laisser l'animal conduire seul l'attelage, il retrouverait aussitôt son instinct et s'enfuirait dans la forêt.
Je me suis fait un nouveau copain, le renne est un animal sauvage et il est difficile de l'approcher mais ça devient beaucoup plus facile lorsqu'on lui propose une poignée de lichen qu'il vient manger dans la main, comme quoi, même le renne peut succomber à la tentation
Hiver et été, 2 paysages complètement différents et 2 ambiances opposées: c'est comme passer du noir et blanc à la couleur, quitter le monde du silence et de la nuit pour retrouver un monde vibrant de sons et de lumière continue.
Et voila, c'est fini nous allons devoir quitter ce grand blanc pour retrouver notre grisaille parisienne.
Superbe voyage, superbe groupe, superbes vacances, allez la photo de groupe pour finir...
suite de la photo sur le film ..
Quelques clichés du film fait par Philippe avec son drone. A voir prochainement sur philofdrones.com