Comme tous les ans, depuis 1996, le festival américain Burning Man se déroule durant la dernière semaine d'Aout dans le désert du Névada. Une ville éphémère de 70 000 habitants va alors s'ériger et devenir, le temps du festival, l'une des villes les plus peuplées du Névada.
Elle va accueillir de nombreux participants mais également de nombreux artistes qui vont laisser libre cours à leurs créativités pour construire d'immenses structures ou fabriquer d'étranges costumes. Ce festival étant basé sur l’écologie, toutes les créations artistiques sont en partie faites à partir de matériaux de récupération et la règle d’or de ce festival est qu’une fois terminé, on ne doit y laisser aucun trace et une grande partie des œuvres est brûlée sur la playa.
Durant cette semaine, les limites n’existent plus et l’échange devient le maître mot de cette ville utopique que les mots ne peuvent illustrer: Essayer d'expliquer ce qu'est Burning Man à quelqu'un qui n'y est jamais allé, c'est comme expliquer à quoi ressemble une couleur particulière à un aveugle; impossible, il faut le vivre pour le comprendre.
Le commerce y est interdit (même pour tout ce qui est des substances illicites), le mot d’ordre est le partage : rien n’est alors payant au sein même de la ville et le festival est basé avant tout sur la spontanéité, l'absence de jugements et la générosité des gens. Si ce festival semble complètement décalé et hors du temps, c’est sans doute l’une des expériences les plus enrichissantes et humaines à faire durant un voyage.
Mais ce voyage se mérite!! Il nécessite une préparation en amont car les participants sont en complète autonomie, il faut donc tout prévoir à l'avance: son campement ou son RV à réserver avant même la vente des billets, ses provisions pour tenir une semaine avec une quantité d'eau suffisante pour affronter les 40°C la journée, les "gifts" faits maison à offrir aux burners rencontrés durant le festival et des tenues pour la nuit car la températures peut chuter en dessous de 0°C. Cette année, les conditions météo ont été particulièrement pénibles, il a fait très chaud et les températures frôlaient les 40°C sans aucun souffle d'air et sans aucune ombre, la réverbération du soleil sur le sable blanc ne faisant qu'accroitre les températures; par contre l'avantage, c'est que la nuit les températures étaient très agréables.
Cette année, étant accréditée comme photographe dans l'équipe de communication de Burning Man, j'avais pour mission de photographier sur une zone précise de la playa, les différentes œuvres proposées par les artistes afin d'archiver ces images car à la fin du festival tout disparait et finit en cendres, sauf les structures métalliques qui trouvent une nouvelle vie dans des villes des États-Unis. Mais un problème informatique m'a fait perdre une bonne partie de mes photos, que malheureusement, je n'ai pas pu récupérer et j'ai donc très peu de photos à leur soumettre...
L'arbre de Ténéré by Alexander Green & Mark Slee & Zachary Smith
C'est l'une des œuvres les plus remarquables. Étant arrivés quelques jours avant l'ouverture officielle du festival du fait de nos accréditations (moi en tant que photographe et Philippe en tant que droniste) nous avons pu assister à la phase finale de la construction de certaines sculptures. Entre autre, l'arbre de Ténéré, composé de plusieurs milliers de lampes LED minuscules, cachées à l'intérieur de 25,000 feuilles et pouvant au gré des sons changer de couleurs . Tout simplement magique.
Les artistes créateurs de cet œuvre ont été inspiré par un arbre qui a grandi au milieu du désert de Sahara, dans une région appelée Ténéré. C'était l'arbre le plus isolé sur la Terre: pas un seul autre arbre ne pouvait être vu aux alentours. Et pourtant, cet arbre est devenu un lieu de rassemblement cérémonial important pour les commerçants et les voyageurs qui circulaient dans le désert.
Malheureusement, il a été mystérieusement détruit presque il y a 50 ans.
Alexander Green & Mark Slee & Zachary Smith ont voulu redonner vie à cet arbre et le remettre dans un environnement similaire au désert.
The Temple of Gravity by Zachary Coffin
The Temple of Gravity avait déjà été installé à Burning Man en 2003. Il revient de nouveau cette année avec ces rochers et ces chaînes.
Il comporte un dôme en acier, composé de 5 bras soutenant chacun, en suspension, une énorme dalle en granit sur laquelle les gens peuvent grimper, s'allonger, observer le lever du soleil ou tout simplement se laisser balancer ou danser au son des musiques diffusées par les art cars.
Charon by Peter Hudson
Une gigantesque roue tournante avec des squelettes humains posés sur son bord intérieur. Charon est mis en mouvement par 12 personnes travaillant à l'unisson. Les participants sont invités à tirer une série de 6 cordes qui font que la roue tourne de plus en plus rapidement. Lorsque les tractions sont assez coordonnés pour que la roue tourne à la vitesse correcte, un stroboscope est activé, révélant l'animation des squelettes.
The Tower Flower by Kevin Clark
Une structure en métal de 100M de haut, ornée par des milliers de fleurs en métal peint, dont certaines vont cracher régulièrement du feu.
La Victrola by La Victrola Society
Une sculpture en bois et en acier, de 50m de haut, qui célèbre la musique d'une époque révolue. Son créateur Oakland Nick Fynn entretient et éduque le public en jouant des enregistrements craqués du début des années 1900, une époque d'une grande innovation dans le jazz, le blues.
Munanen- The Cosmic Egg
Black Rock Blind Tiger, by Tiffany Benson & the Blind Tigger Crew
Et de nombreuses œuvres se répartissent ainsi sur la playa, allant d'un simple panneau en bois ou à l'installation d'une chambre à coucher dans le désert ou à un immense phœnix prêt à prendre son envol pour éviter le bucher qui lui est réservé à la fin de la semaine ou à des structures qui s'animent de lumière et de flammes à la tombée de la nuit. Au total plus de 300 artwork s'offrent aux participants et l'immensité du site fait qu'il est difficile de les voir toutes. En voici un petit aperçu parmi les photos que je n'ai pas perdues, (sniffff, il en manque certaines dont j'étais très fière de par la beauté artistique de l'oeuvre)















































Burning Man, c'est aussi ses participants qui se livrent à de véritables défilés de mode, mais j'ai perdu pratiquement toutes les photos que j'avais faites et je m'en excuse auprès des participants car je leur avais promis de leur donner les épreuves!


Pour ceux qui préfèrent la musique et la danse, pas de problème, à toute heure du jour et de la nuit, on peut danser et s’enivrer au son de la musique ou d'autres choses.
Pour moi, c'est aller à la rencontre des gens, immortaliser ces moments sur la pellicule et on peut faire de belles rencontres... c'est ça aussi Burning Man ....










La nuit tombée, la playa se transforme en une immense scène de lumière et de danse.
Burning Man n'a plus rien à voir avec le jour. L’atmosphère est alors totalement différente, et nous invite de nouveau à parcourir des dizaines de kilomètres pour découvrir cet univers grandiose, irréel, ou tout s'illumine: des rayons laser balaient le ciel, les "artwork" se couvrent de tableaux lumineux, les vélos deviennent des kaléidoscopes de couleurs, les participants revêtent leurs costumes couverts de LED, les chars déambulent sur la playa au rythme de musique techno, des jets de flamme jaillissent un peu de partout et c'est une véritable aventure auditive et sensorielle.
Par ailleurs, les voitures sont formellement interdites au sein du festival, et c'est l’occasion de renouer avec le sport en parcourant des dizaines de kilomètres en vélo sur la playa et en s'octroyant parfois des pauses "voitures" sur les véhicules mutants croisés au cours du périple.































Et Burning Man ne serait pas Burning man sans ses fameuses "art-cars" toutes droit sorties de film de science fiction et circulant jour et nuit au son d'une musique techno invraisemblable. Et l'imagination de ses constructeurs n'a aucune limite pour nous faire voyager dans un monde imaginaire et onirique.
Mais rapidement, la fin du festival approche, peu à peu les œuvres sont brulées jusqu'au grand jour ou le man va s'embraser devant des milliers de spectateurs réunis autour du Man.
Différent chaque année, le Man, un grand mannequin en bois, trônant au milieu de la Playa et regardant toujours dans l'axe des 6heures (très utile pour se repérer et trouver son camp) attend que son jour de consécration et de sacrifice par le feu arrive. Cette année, il est protégé par un sanctuaire et parait de ce fait moins imposant que les autres années .
A l'origine, Larry Harvey, le fondateur du festival aurait construit une statue dans les années 80 pour se représenter et l’aurait brulée pour symboliser son changement de vie. Il représente l'essence même du festival: tous les burners se regroupent autour du Man qui brûle, c'est comme si chacun s'embrasait et renaissait de ses cendres pour une nouvelle vie. C'est la plus grosse soirée du festival: tout le monde est là, tous les art cars et chars sont regroupés sur la Playa et le demi-cercle devient alors un cercle complet fait de lumières et de feu, c'est absolument surréaliste.
Malheureusement cette année le festival a viré au drame. Un homme s'est jeté dans les flammes après avoir réussi à traverser le dispositif de sécurité mis en place par les rangers et il est décédé de ses brulures.
Et voilà, Burning Man 2017 se termine là pour nous, nous ne resterons pas pour le Temple qui doit bruler le lendemain; Philippe doit récupérer son drone confisqué pour la semaine auprès des rangers pour ensuite prendre le chemin du retour en espérant éviter les bouchons de départ.
Le bilan 2017: peu de photos pour moi et peu d'images de drone pour Philippe mais l'expérience humaine auprès des burners et de nos amis américains remplacent notre déception photographique et nous restons ravis de ce séjour hors du temps et de la réalité.
Pour ceux qui ne nous connaissent pas et pour savoir qui se cache derrière l'appareil photo et les vues aériennes de Philippe, voici quelques photos de nous.
Merci à nos amis américains qui nous ont intégré dans leur camp "Sublime oasis" et si chaleureusement accueilli. Un conseil aux futurs burners de 2018, allez les voir, leur camp est à J-3h15, de belles surprises vous y attendent.
Un grand merci aussi à Scott London, photographe américain, célèbre pour ses photos de Burning Man, pour son soutien et sa gentillesse.