Avec ce temps pluvieux, je vous emmène dans un quartier méconnu des touristes mais connu des parisiens pour ses nombreux parcs, cafés, restaurants mais surtout pour ses oeuvres éphémères de graffeurs ou de pochoiristes: la Butte aux Cailles.
Ses tags, recouvrant toutes sortes de support possibles (allant des murs, aux cheminées, aux boites aux lettres, aux panneaux de stationnement ....) font partie intégrante du lieu car si l'art urbain est par nature éphémère, il est particulièrement présent dans ce quartier et chouchouté par ses habitants.
La Butte aux Cailles, haute de ses 63 mètres, a conservé son aspect village du XVIIIème et c'est un véritable dépaysement de se promener et de se perdre dans ces petites ruelles riches en surprises. Autrefois, les flancs de cette colline étaient occupées pas des puits de carrière ou étaient extraites la pierre à bâtir et l'argile. Une fois les ressources épuisées, ces dernières servirent de champignonnières avant d’être remblayées. La fragilité du sol a permis au lieu d'échapper à l'urbanisation haussmannienne et de conserver ces modestes maisons individuelles érigées au début du XXème siècle et qui ne sont désormais accessibles qu'aux gagnants de loto ou à de riches héritiers!!
La balade commence à la sortie du métro Corvisart, direction la rue des cinq diamants. La rue doit son nom à un bijoutier qui avait des diamants pour enseigne.
Pour commencer ce spectaculaire escalier, revisité par Zag et Sia, œuvre terminée en Juillet 2015 qui invite le passant à gravir ces marches qui conduisent au square Brassaï. Zag sa muse Sia se sont arrêtés quelques jours à Paris. Un arrêt désiré depuis longue date et rendu possible grâce au maire du 13e dont l’engagement et l’action pour la promotion de l’art urbain n’est plus à démontrer.
Comme toujours avec le duo d’artistes, l’œuvre est chargée de sens et de symboles. Leurs passés respectifs lourds et douloureux se déploient dans cette anamorphose aérienne où les artistes se sont représentés enfants observant un ciel étoilé, promesse d’un avenir idéalisé et heureux, placés sous la bienveillance d’une fée imaginaire protectrice et philanthrope. L’abandon du père, la violence, la solitude, l’évasion, la protection… sont autant de thèmes qui s’enchevêtrent dans cette mise en perspective dense et profonde.
Le lieu n’est jamais choisi par hasard. Cette série d’escaliers du jardin Brassaï est un lieu de passage privilégié pour se rendre sur la Butte-aux-Cailles depuis le métro Corvisart.
En remontant cette rue, on commence à comprendre que l'on est dans l'antre de MISS TIC, une grande figure du Street Art, en apercevant de nombreuses œuvres caractéristiques de cet artiste: des femmes fatales en noir et blanc, des supermen tout en muscles, personnages taquins, sexy souvent accompagnés d'une petite déclaration de guerre amoureuse ...Normal, l'artiste habite dans le coin et le quartier est son aire de jeu.
Un peu plus loin dans une rue adjacente, on tombe sur un mur recouvert d'une œuvre de PHILIPPE BAUDELOQUE, réalisé lors des "lézarts de la Bièvre" en 2012: un être hybride entre chien et rhinocéros. Cet artiste a 39 ans et a toujours vécu à Yerres, en Essonne. Il a suivi des études d’art, d’abord en compagnie de Brok (streetartiste VITRIOT) puis avec Julien Malland (SETH) aux Arts Déco de Paris. Il en est ressorti diplômé et spécialiste de Art-Espace. Dans la rue, il dessine souvent des animaux : lion, girafe, hippopotame, gorille, pélican, bison… auxquels il donne des noms.
Certes les tags et pochoirs subissent les dommages du temps et sont parfois recouverts par d'autres, parfois repeints... mais tous les ans depuis 2001 (le 2ème week-end de Juin) l'association "Lézarts de la Bièvre" invite un artiste urbain à baliser un parcours qui mène aux ateliers des créateurs du quartier qui ouvrent leurs portes pour l'occasion.
En 2013, l'invité d'honneur était Julien Malland allias "SETH" et ses peintures représentant des petits garçons et petites filles dans des scènes réalistes sont facilement reconnaissables et recouvrent de nombreux murs du quartier.
Des girafes, des éléphants, des pandas et des suricates en plein Paris, Et non vous ne rêvez pas mais simplement MOSKO et associés sont passés par là. MOSKO répand depuis des années dans les rues de Paris ses dessins de prédilection: les animaux, et ici sur la Butte, ce sont les girafes qui ont élu domicile.
Tout a commencé en 1989 pour cet artiste qui à décidé de tapisser les murs du quartier de la Moskova (d’où son nom d'artiste OSKO) d'une fresque murale représentant un zèbre, grandeur nature. Ce quartier de Paris était insalubre, vétuste et voué à la démolition, mais entouré de végétation. Inspiré, il eu une envie : égayer ces palissades un peu tristes. Et peu à peu la jungle a investi les rues de la ville…
K.BAL utilise des éclats de mosaïque et des lettres de scrabble pour rendre hommage à des personnages connus. La mosaïque est aussi une forme du street art, qui consiste à coller successivement des petits carreaux de faïence ou céramique, appelées tesselles, afin de représenter un symbole, une figure, une forme etc… Si la mosaïque n’est pas la forme du street art la plus répandue, elle est utilisée par K.BAL
ZABOU, une jeune bombeuse, qui aime peindre des personnages à contours contrastés, portant des cagoules, des masques à gaz ou encore des enfants gâtés qui font la moue . Aujourd’hui, cette artiste Française vit à Londres et vous pouvez découvrir pas mal de ces œuvres dans l’Est de la capitale Anglaise. Sinon, reste à découvrir la Butte aux Cailles ou l'artiste a décoré quelques murs
ESKI est connu pour ses peintures minimalistes en bas des murs, de petits enfants africains, enveloppés dans une couverture et interpellant le monde sur notre surconsommation et notre soif de marques
JEFF AÉROSOL peint souvent des portraits en noir et blanc de musiciens, accompagnés d'un slogan comme par exemple: "la musique adoucit les murs"
En plus de signer chacune de ses créations de son nom, JEFF AÉROSOL possède une sorte de deuxième signature : la flèche rouge ou des notes de musique rouges, qui s’intègrent à toutes ses créations.
Sa carrière débute à Tours en 1982. Ses premiers pochoirs sont des autoportraits de photomaton qu’il dissémine à travers la ville et très vite, il se fait connaitre. Il se détourne alors des autoportraits pour représenter des gens grandeur nature. Il peint des inconnus, mais aussi des personnalités connues qu’il admire comme Bob Dylan, Woody Allen ou encore Mick Jagger. A partir de là, il voyage pour peindre ses portraits sur les murs du monde entier. On peut aujourd’hui admirer ses œuvres à Paris, Londres, Zurich ou Chicago, il a même poussé le vice jusqu’à peindre sur la Grande Muraille de Chine !
On y croise également des œuvres de nombreux artistes tels que GREGOS, MARION, le finlandais SAMPSA et bien d'autres.... Et en une seule visite, je n'ai vu qu'une partie de toutes ces œuvres.
Alors une petite pause après cette balade ???
Le choix est difficile devant cette multitude de bars aux façades toutes aussi attirantes les unes que les autres.
Alors, on range les appareils photos....
Et maintenant suivez moi, il est l'heure de se désaltérer.
Quelles sont les techniques du street art ?
Les deux principaux outils du graffiti, art urbain, sont l’affiche, le pochoir, la peinture et surtout la bombe aérosol.
- L’affiche : C’est un support en papier, plastique ou carton qui permet de rendre un contenu public, c’est-à-dire que tous citoyens, au sens des habitants de la cité, peuvent prendre connaissance de contenu, volontairement ou involontairement.
- Le pochoir : Le pochoir est une technique qui permet de reproduire une forme, appelée motif. Les atouts du pochoir sont le gain de temps dont bénéficient ses utilisateurs car aucune précision n’est requise lors du remplissage à la peinture, et le motif en question est reproduit avec exactitude.
- La peinture : Il s’agit d’une matière fluide et colorée utilisée pour dessiner des traits ou donner de la couleur à un support. La peinture est très adaptée au milieu urbain.
- La bombe : C’est l’arme du « graffiste »
La prochaine fois, je vous emmène en Toscane ou je viens de passer quelques jours de vacances mais je viens à peine de terminer le tri des photos!!!