REHAB #2 : Exposition éphémère de street-art

Depuis le 16 Juin 2017 et jusqu'au 16 Juillet 2017, le bâtiment des arts et métiers de la Cité Universitaire est le nouveau lieu éphémère du street art.

Comme pour la tour 13, ou la réserve Malakoff ou le LAB 14, le bâtiment, voué à des travaux de rénovation,  a accueilli pendant 3 semaines, une centaine d'artistes urbains, venus de tous horizons et utilisant des techniques, styles et outils variés (dessin, pochoir, collage, peinture à la bombe…) pour redécorer l'intérieur du bâtiment. Ils ont eu carte blanche pour transformer l'intégralité de l'intérieur du bâtiment et nous faire découvrir leurs arts. Ici, la difficulté était de s'adapter aux contraintes d’un lieu toujours habité par les étudiants. Comment utiliser l’espace de façon optimale en préservant la circulation des personnes, sans gêner leurs passages et leurs intimités. Les street artistes ont relevé le défi avec brio et ont su utiliser l'espace à leurs dispositions jusqu'aux moindres coins, recoins, escaliers, portes... On ne peut que saluer l'initiative dont le résultat est tout simplement bluffant car chaque étage a sa propre thématique, travaillée en équipe et en cohérence, malgré les styles différents de chaque artiste. 

Dès l'entrée dans le hall d'accueil, un immense orang-outan (ouvre de Jo et Kalouf) surveillant les boites aux lettres des résidents, accueille les visiteurs, puis un peu plus loin, un bateau abandonné nous invite à entreprendre un voyage dans ce monde imaginaire

Bienvenue dans le fabuleux monde du street art

Jo et Kalouf

Jo et Kalouf

Ernesto Novo et ses bustes de femmes africaines

Ernesto Novo et ses bustes de femmes africaines

Morne et Agrume

Morne et Agrume

PEC, artiste connu des Lyonnais sous le pseudo de Knar


Au 1er étage nous pénétrons dans la bouche d'une baleine et nous nous enfonçons dans la mer, entouré de poissons et de détritus, triste reflet de la réalité environnementale.

Share et sa baleine

Share et sa baleine

Dem Dillon et ses moulages de corps

Dem Dillon et ses moulages de corps

Pour faire écho au monde marin, dans le couloir voisin, un collectif, réunissant entre autre Seyar, Charlotte Charivari...  nous emmène dans un monde portuaire et industriel en pleine activité appelé à devenir un jour, abandonné.

Kaldéa 

Kaldéa

 

Spizz et ses pochoirs

Spizz et ses pochoirs

Morne et des miroirs pour selfi 

Morne et des miroirs pour selfi

 



Se perdre dans les couloirs, choisir tel escalier plutôt que l'autre situé à l'opposé ou encore opter pour l’ascenseur complètement revisité, cette visite est pleine de surprises et de découvertes.

L'usure urbaine interprétée par JM Robert et Joaquim Romain; ils redonnent vie aux déchets et gravats qu'ils récupèrent, par leurs talents respectifs, ils les embellissent et les mettent en valeur dans leurs créations car la beauté est tout autour de nous, il faut juste savoir regarder pour la voir.

 

 

 

 

 

 


A chaque étage, les œuvres se suivent et ne se ressemblent pas. Du sol au plafond, l'art est partout et nos repères disparaissent: une chaise posée sur le plafond, un sol craquelé complétement revisité, une porte condamnée par des morceaux de porte ou de fenêtres... C'est un voyage à la façon d'Alice au pays des merveilles.

 

 

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LAB 14

A la recherche d'une visite insolite ? Alors rendez vous au 140 Boulevard de Montparnasse où les anciens bureaux inoccupés de la poste ont été investis par une trentaine d'artistes, venant de l'art urbain, pour faire revivre temporairement ces lieux avant leurs démolitions. Ils vont s'atteler pendant deux mois à la création d’œuvres d'art urbain, laissant libre accès au public pour découvrir, pendant toute cette période, leur travail à l’œuvre.

Hanna Ouaziz, la fondatrice de l’agence Artana, était déjà à l’origine l'été dernier du projet La Réserve, un immense entrepôt à Malakoff dédié au street-art et qui avait remporté un immense succès. Cette fois, c’est sur deux étages que s’étend le LAB 14. Du sol au plafond, on retrouve des peintures, des collages, des assemblages, fruit du travail des différents artistes exposant. Même s’il y en a un peu partout et que cela semble un peu « bordélique »,  cet endroit quelque peu atypique est un vrai lieu de vie et d’art. Mais il faut se dépêcher car ce projet éphémère se termine le 28 Janvier

 

Dès l'arrivée au LAB 14 on est plongé au cœur même de l’exposition.

CANNIBAL LETTERS ouvre la danse avec son assemblage de boîtes aux lettres, de cartons postaux, de vieux sièges... histoire de nous rappeler que nous sommes dans les anciens bureaux désaffectés de la poste

Puis une sorte de forêt accueille le visiteur avec un arbre mystérieux … où des poissons pendent aux branches ! Un décor quelque peu féerique et imaginaire, signé de la main de ANIS.

La visite continue, et on se retrouve directement face à une panthère, à l'affut d'une éventuelle proie, (œuvre signée MOSKO, artiste urbain réputé pour ses fresques animalières sur les murs délabrées des villes) qui accueille ses visiteurs à travers un grillage, et qui nous invite à passer rapidement notre chemin si on ne veut pas finir entre ses griffes.

Face à elle, se tient une énorme araignée, qui ne nous donne pas envie de trop s'éterniser, Cette œuvre est signée ANTOINE BERTRAND et CLAIRE COURDAVAULT. Il est temps d'ouvrir ces portes mystérieuses qui nous amènent dans un monde irréel et coloré. Bienvenue dans le monde du street-art.


Au premier étage, une grande pièce colorée et pleine de mystères vous attend. Sous ses  nombreuses et folles couches de couleurs, se cachent des petites phrases non visibles à l’œil nu.

Un peu plus loin,  une accumulation d'objets poussiéreux ayant marqué ma génération, allant du minitel au téléphone à touche et aux premiers écrans d'ordinateurs volumineux, rappelle au visiteur que la modernité nous emmène dans un monde de consommation excessive.

Pas un seul millimètre de murs n'échappe à cette renaissance du lieu: Paperasses, vieux dossiers poussiéreux, vieilleries bureaucratiques ont disparu pour faire place à un univers vivant, fluorescent, coloré et parfois intrigant.

Les vitres deviennent des tableaux dédicacées où chaque artiste laissera sa signature;


Les artistes installent leurs œuvres dans la galerie en vue du vernissage proposé aux visiteurs


DEM DILLON, admiratif des formes et courbes du corps humain, exerce des moulages de corps de femmes. Il travaille avec des modèles, proches ou sur commande d'inconnues, désireuses de garder une empreinte de leurs corps.

La sculpture finale est ainsi un point de rencontre entre le réel du corps physique, le ressenti subjectif du modèle vis à vis de son corps et le regard propre de l'artiste.


Des installations en 3D et un voyage dans une Ortopark (fête foraine russe) univers rappelant plutôt Alice au pays des merveilles, retranscrit par l'artiste RETROGRAFFITISM


Au fur et à mesure de la déambulation, on passe d'un monde à l'autre. Les artistes EVAZE et SIR ont recrée un nouveau style d'appartement en s'amusant à marier le côté urbain avec graffitis et pochoirs et l'utilisation de bois et d'objets de récupération .


MADEMOISELLE MAURICE nous emmène dans les étoiles avec ses origamis disposés de façon à ce que cela ressemble à une constellation et en jouant sur des jeux de miroir pour créer l'espace infini du cosmos


ONSEPT NOKA construit un gigantesque éléphant déstructuré, révèlant en son sein une surprise pour qui veut bien aller voir ce qui se cache derrière.


La « chapelle du Dieu hibou » de SNEZ et MITTOO, invite le visiteur au recueillementDans une ambiance feutrée et tamisée, on se retrouve dans une sorte de forêt enchantée, avec des meubles en bois, et des têtes de hiboux un peu partout. Un trône est même mis en place, une grande tête de hibou le dominant, de quoi nous transporter totalement dans un autre monde.


MORNE nous invite à un voyage dans un monde onirique, multicolore et abstrait dans cette cette salle psychédélique avec des miroirs au sol, nous coupant du réel et nous faisant perdre nos repères.


BOJAN avec « le paradis et l’enfer »


PHOTOGRAFFEE est le fruit d’une rencontre entre un photographe baroudeur et un collectif du street-art. ALEX PERRET est un artiste photographe urbain qui, lors de ses nombreux voyages, capture des tranches de vie et des instants fugaces du quotidien. A travers son objectif, ces moments banals et inattendus passent de l’ordinaire à l’extraordinaire.

A ces clichés déjà lourds de sens, les street artistes viennent y apposer leurs couleurs et leurs formes, propre à chacun. Mais loin d’être une simple apposition, ils s’imprègnent du travail du photographe et se l’approprient.

 

Ainsi, chacun à leur manière, ils retransmettent des sensations que leur font ressentir les scènes photographiées en se laissant inspirer par les histoires racontées de ces tranches de vie capturées. Entre couleurs, motifs et trompe-l’œil, par leur curiosité et la liberté inhérente à leur Art, les artistes nous rendent compte d’une réalité toute vraie mais toujours personnelle et nous invite à partager leur vision de ces œuvres.


Le collectif LAB 14 a également investi les extérieurs et SEIZE HAPPYWALLMAKER a conçu un ballon géant gonflé de 5 mètres à l'hélium qui s'anime de jeux de couleurs à la tombée de la nuit.


FDKL utilise quantité de magazines, journaux, flyers et affiches, qu’il colle, décolle et recolle. Et il se plait à dessiner des silhouettes qu’il habille de collages d’anciennes revues des années 20 à aujourd’hui et de peinture. Les supports et la manière dont ses personnages sont positionnés revêtent la même importance. Il ne néglige ni le fond, ni la forme, ni l’ensemble et surtout pas le détail, car il aime avant tout ce qui est dissimulé et ne se dévoile pas au premier regard.

 

 



Je ne peux donc que vous conseiller d'aller visiter ces locaux avant leurs démolitions afin de découvrir une nouvelle facette de ces bureaux qui ont du être témoins de nombreuses émotions et qui révèlent aujourd’hui une joie de vivre et grande qualité artistique .

Merci aux artistes