Tout d’abord, un peu d’histoire car l’Ukraine est un pays que, personnellement, je ne connaissais pas bien et à aucun moment je ne pensais y aller un jour. Les circonstances familiales m’ont offert cette opportunité et j’ai découvert une ville extrêmement attachante, portant encore les stigmates de son passé douloureux. Il nous semblait évident que notre visite de Kyev devait s’accompagner d’une visite à Tchernobyl, même si cela peut sembler un peu morbide au premier abord et évoquer un voyeurisme macabre, nous avons vu cela plutôt comme une opportunité de mettre en lumière des lieux chargés d'une histoire à ne pas oublier et à le partager avec nos fidèles followers.
KIEV ET SON HISTOIRE
KIEV ET SON HISTOIRE
Tout au long de son histoire, la capitale ukrainienne a été l’enjeu de sièges, d’assauts et d’affrontements, et a bien souvent été au bord de la destruction totale. Étant située sur des routes marchandes lucratives, Kiev au XIème est devenue rapidement une cité puissante et donc très convoitée. Elle connut alors les invasions par les mongols, les tatares qui détruisirent la ville en mettant le feu aux maisons, acte vandaliste facile, car à cette époque toutes les constructions étaient en bois
Puis Kiev, jusqu’au début du XXe siècle, connut une certaine stabilité qui ne dura pas et la capitale ukrainienne entra alors dans une longue période de troubles faisant de nombreuses victimes et ravageant la ville.
Il y eut tout d’abord la révolution d’Octobre entre 1917 et 1920, opposant nationalistes et communistes pour une tentative d’indépendance. Après une alternance d’échecs et de succès, elle échoua pour laisser place à un régime soviétique qui sera le plus meurtrier pour les ukrainiens.
Durant les années 1930: la grande famine, génocide ukrainien : Staline, pour des raisons économiques, a besoin d'exporter un maximum de céréales et pour cela doit multiplier les réquisitions forcées chez les paysans. Ces derniers résistent en réduisant leur production et leurs livraisons à l'État et les effets de la faim commencent à se ressentir dans les campagnes. Mais pour Staline ces efforts ne sont pas suffisants, et il promulgue alors une loi, la « loi des épis »,qui punit de dix ans de déportation, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste », y compris le simple vol de quelques épis dans un champ. Cette loi survient alors que les campagnes soviétiques connaissent un début de famine du fait des réquisitions forcées par le pouvoir. Elle va considérablement aggraver la situation des paysans et l'on estime qu'en Ukraine, trois à six millions d'entre eux vont mourir de faim dans les mois suivants. Elle va occasionner la déportation ou la mort de milliers de citoyens pour le vol de quelques grains ou d'une pomme de terre et permettre à l'État de s'approprier la quasi-totalité des moissons ! Avec l'arrivée de l'hiver, sans surprise, survient la famine. De longues files de malheureux errent le long des routes en quête de subsistance et gagnent les villes en quête de travail et secours. Mais le gouvernement communiste ne reste pas sans réagir : à la fin décembre 1932, il institue un passeport unique pour tout le pays, avec interdiction pour quiconque de quitter son village de résidence sans autorisation du Parti ! Affaiblis, les gens meurent de froid et de faim dans leurs cabanes, le long des routes ou sur les trottoirs des grandes villes d'Ukraine, quand ils ne sont pas déportés sur un ordre arbitraire du Parti. Beaucoup de désespérés se suicident. Un nombre non négligeable se livrent au cannibalisme, enlevant les enfants des voisins ou tuant parfois leur propre enfant pour se nourrir de leur chair. Le phénomène est si peu rare que le gouvernement fait imprimer une affiche qui proclame : « Manger son enfant est un acte barbare ! » La famine ne relâche son étreinte qu'au mois de mai 1933 avec le retour des fruits et des légumes dans les jardins privés.
Cette « Grande famine », intentionnellement entretenue et amplifiée par Staline, est assimilée à un génocide par la plupart des historiens ainsi que par les Ukrainiens. Elle est connue sous le nom d'« Holodomor »(« extermination par la faim » en ukrainien). La suite n'est pas plus brillante avec d'innombrables déportations et assassinats, surtout d'intellectuels ukrainiens. https://www.herodote.net/7_aout_1932-evenement-19320807.php
En 1934, la capitale de la RSS d'Ukraine a été déplacée de Kharkiv à Kiev. Le but était de façonner une nouvelle utopie prolétarienne, basée sur les plans de Staline. L'architecture de la ville a alors été refaite selon un style très austère et inhospitalier, mais la politique sociale soviétique a eu aussi un impact beaucoup plus grand sur la population, qui impliquait des purges à grande échelle, traquant les dissidents et les organisations non communistes
Durant cette période, le processus de destruction des églises et des monuments, a atteint le tournant le plus dramatique. Des églises et des structures vieilles de plusieurs centaines d'années, telles que Cathédrale Saint-Michel au dôme doré et le Fontaine de Samson, ont été démolis. D'autres, telles que Cathédrale Sainte-Sophie, ont été confisqués avec l’objectif de la détruire. Heureusement, le gouvernement français est intervenu et les Russes sont revenus sur leur décision. Aujourd'hui, il semble impossible d'imaginer que ce magnifique bâtiment a échappé de peu à la destruction.
Durant la deuxième guerre mondiale : l’Allemagne nazie occupe Kiev au prix d’une longue bataille, avérée désastreuse pour la partie soviétique, mais “bénéfique” car elle a considérablement retardé l’avancée des troupes allemandes. Avant son évacuation, l'Armée rouge a posé plus de dix mille mines dans tout Kiev, contrôlées par des détonateurs sans fil. Le 24 septembre, lorsque les envahisseurs allemands se sont installés dans la ville, les mines ont explosé, provoquant l'effondrement de nombreux bâtiments majeurs et incendiant la ville pendant cinq jours. Plus d'un millier d'Allemands ont été tués.
Le massacre de Babi-Yar le 29 et 30 Septembre 1941: les allemands, qui, au début, pour le peuple nationaliste ukrainien était considéré comme le peuple sauveur de l’emprise russe, ont vite perdu la confiance des ukrainiens car peu de temps après leurs entrées dans la capitale de l'Ukraine soviétique eut lieu le massacre de Babi-yar (ravin de la mort). Suite aux explosions perpétrées par les soviétiques, les allemands décident en reprèsaille d'exterminer les juifs de la ville. Ces derniers sont invités à se présenter le 28 septembre près d'une station de train, à la lisière de Kiev, afin d'être "réinstallés" ailleurs. Croyant à un départ vers un camp quelconque, les juifs se présentent au lieu de convocation avec leurs valises et leurs papiers d'identité. Quand les Allemands et leurs acolytes les dépouillent de leurs biens et déchirent leurs papiers, ils devinent très vite ce qui les attend mais n'ont pas le temps de réagir. Par groupes de dix, ils sont poussés entre deux haies de soldats qui les frappent de toutes leurs forces, entraînés vers le bord du ravin et obligés de se dénuder. Certains sont massacrés à la mitrailleuse et tombent sur ceux qui les ont précédés. D'autres sont obligés de se coucher au fond du ravin sur les cadavres et sont abattus d'une balle. Beaucoup, qui n'ont été que simplement blessés, gémissent pendant de longues heures avant que la nappe de corps ne soit recouverte de chaux.
Au cours des mois suivants, beaucoup d'autres Ukrainiens, parmi lesquels des Juifs, des Tziganes, des résistants puis des prisonniers de guerre soviétiques vont être tués à leur tour et jetés dans le ravin, à raison de deux jours de tuerie par semaine. Au total, c'est plus de 90 000 personnes qui périront ainsi à Babi Yar. Le site, aujourd'hui boisé, est devenu un lieu de mémoire et de recueillement.
Kiev aura le triste privilège d’être l’une des capitales les plus ravagées et elle se verra d’ailleurs décerner le titre de « ville héros de l’Union soviétique ». https://www.france24.com/fr/europe/20210929-babi-yar-le-premier-grand-massacre-de-la-shoah-par-balles
Durant les années 1950-1990 : c’est la période de développement socio-économique avec installation d’entreprises industrielles de pointe recrutant un personnel hautement qualifié, développement d’infrastructures urbaines comme le métro, l’aéroport de Boryspil. Mais l'oppression systématique d'intellectuels pro-ukrainiens, qualifiés de "nationalistes" et menaçant le mode de vie soviétique persiste et de nombreuses arrestations sont menées. Au sens culturel, les universités et les établissements de recherche ont été progressivement et secrètement découragés d'utiliser l’ukrainien. Parler russe, ainsi que le choix d'envoyer des enfants dans les écoles russes était opportun pour l'avancement de l'éducation et de la carrière. Ainsi la ville a subi un autre cycle de russification progressive.
L’accident de Tchernobyl de 1986 a énormément affecté la vie de la ville, tant sur le plan environnemental que sociopolitique. Certaines zones de la ville ont été polluées par des poussières radioactives. Cependant, les habitants n'ont été ni informés de la menace réelle de l'accident, ni reconnus comme ses victimes. De plus, le 1er mai 1986 (quelques jours après l'accident), les dirigeants ont ordonné aux habitants (dont des centaines d'enfants) de participer à un défilé civil de masse dans le centre de la ville « pour éviter la panique ». De nombreuses personnes ont alors été contaminées par les émissions radioactives.
Révolution orange en 2005: A la suite de la victoire truquée de Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle le 21 novembre 2005, une "révolution orange" a lieu pendant un mois en Ukraine derrière Viktor Louchtchenko.
Alors que le candidat pro-européen Viktor Louchtchenko était en tête dans les sondages à la sortie des urnes, la commission électorale proclame la victoire du Premier ministre Viktor Ianoukovitch, qui est soutenu par le président russe Vladimir Poutine. Viktor Louchtchenko, qui a eu le visage défiguré en septembre 2004 à la suite d'une tentative d'empoisonnement à la dioxine, très certainement perpétrée par les services spéciaux ukrainiens, appelle dès le 21 novembre 2004 au lancement d'un mouvement de résistance civile. Ce dernier prend rapidement le nom de "révolution orange", du nom de la couleur du parti de Viktor Louchtchenko.
Le 23 novembre, quelque cinq cent mille personnes se rassemblent sur la place de l'Indépendance à Kiev en soutien à Louchtchenko. Des manifestations massives ne vont ainsi pas cesser d'avoir lieu jusqu'au 26 décembre 2004 pour obtenir l'annulation du résultat des élections et l'organisation d'un nouveau scrutin. La "révolution orange", démocratique et pacifique, est soutenue par l'Union européenne et les États-Unis, qui dénoncent les irrégularités électorales, tandis que Vladimir Poutine continue de défendre Viktor Ianoukovitch. De son côté, l'Union européenne envoie une délégation de médiation à Kiev. Le 3 décembre 2004, la Cour suprême ukrainienne annule le résultat de l'élection présidentielle du 21 novembre et ordonne la tenue d'un nouveau second tour. Ce scrutin se déroule le 26 décembre 2004, en présence d'environ douze mille observateurs internationaux. Viktor Louchtchenko est proclamé vainqueur avec 51,90% des voix et est investi président le 23 janvier 2005. Mais l’emprise de la Russie persistera et rapidement Ianoukovitch reviendra au pouvoir en tant que premier ministre
Révolution de la dignité ou révolution de Maïdan: Nov 2013- Février 2014 Maïdan est le nom donné en Ukraine au mouvement protestataire qui débute le 21 Novembre 2013 sur la place centrale de Kiev, appelée place de l’indépendance, pour protester contre la décision du président Viktor Ianoukovitch de suspendre la signature de l’accord d’association avec l’Union Européenne. Le mouvement regroupe des journalistes, des intellectuels, des hommes politiques, des citoyens ordinaires… Le président, en réponse à cette manifestation, fait intervenir les forces de police pour évacuer la place. Les manifestants sont encerclés, tabassés et on recense de nombreux blessés.
La violence transforme le mouvement en une révolte massive de citoyens ordinaires qui s’installent dans une occupation prolongée de la place de l’Indépendance, le nombre de manifestants atteint plusieurs centaine de milliers de personnes, qui condamnent le système politique et réclament la démission du président, des élections anticipées ainsi que des poursuites pénales contre les responsables de l’assaut policier. Mais la répression est la principale réponse des autorités et la révolte prend un caractère insurrectionnel avec une montée de la violence face aux manifestants pacifiques et non armés. Après trois mois de protestation, de nombreuses victimes sont à déplorer chez les manifestants (plus de cents morts et de nombreux blessés) et le président quittera le gouvernement pour prendre la fuite en Russie. L’engagement de ces citoyens ordinaires, la solidarité entre eux (déneigement, préparation et distribution de repas, construction de barricades, préparation de cocktails molotov, assistance médicale…) leur courage dans les actions d’affrontement face aux forces armées de la police, sont la preuve d’un élan civique et humain et auront permis cette victoire.
La ville porte encore les blessures de cette révolution et on peut voir des fragments de barricades, des traces de balles sur les arbres longeant l’avenue de Maidan ou a eu lieu le massacre avec le tir de snippers, placés sur les toits des immeubles et prenant pour cible les insurgés. Cette avenue est placardée de photos et de plaques commémoratives honorant ces victimes innocentes.
.Je vous conseille de voir ce documentaire ‘‘Winter on fire ‘‘sur netfix qui retrace cette insurrection, montrant le courage et le civisme des ukrainiens face à un régime corrompu et dictateur.
2014 à nos jours: Crise de Crimée et la guerre de Donbass
Après la fuite du président Ianoukovitch, le nouveau pouvoir pro-européen en place à Kiev décide que le russe ne sera plus reconnu comme langue officielle dans le Sud et l’Est de l’Ukraine, comme en Crimée ou dans le Donbass où environ 75% de la population est russophone. Cela entraîne alors un fort soulèvement séparatiste dans ces régions. Parallèlement, la Russie ne reconnaît pas le nouveau gouvernement de Kiev qu’elle qualifie d’illégitime. L’armée fédérale russe est ainsi présente près de la frontière ukrainienne à partir de la fin février 2014. Le nouveau gouvernement ukrainien accuse alors la Russie d’invasion et envoie des troupes armées en Crimée. Débute alors la crise de Crimée qui aboutit à un référendum local sur le rattachement de la Crimée à la Russie. A la suite du référendum, le 18 mars, le gouvernement russe annonce que la république de Crimée et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, font désormais partie de la Fédération de Russie. Le gouvernement ukrainien commence alors à retirer ses troupes de la région. Les réactions internationales sont multiples. Le président François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel rejettent ce référendum et le qualifie d’iilégal.
Déclenchement de la guerre dans le Donbass: A partir du mois d’avril 2014, des manifestations « antimaïdan » ont lieu dans la région du Donbass. Elles se transforment rapidement en insurrection armée contre le gouvernement de Kiev. Commencent alors des combats entre l’armée ukrainienne et la Russie soutenant les insurgés. Après plusieurs mois d’affrontement, en Septembre 2014 un premier accord est signé à Minsk, pour faire cesser la guerre du Donbass. Cependant, le cessez-le-feu prévu par cet accord ne dure que quelques semaines. Les combats s’intensifient en janvier 2015, et l’armée séparatiste pro-russe continue de progresser. Les 6 et 11 février, François Hollande et Angela Merkel se déplacent en Russie et en Ukraine pour négocier un nouveau plan de paix et un nouvel accord de cessez le feu est signé.
La situation aujourd’hui Aujourd’hui, malgré l’accord de Minsk de 2015, le Donbass et l’Est de l’Ukraine subissent toujours un blocus économique et des attaques. C’est un conflit dont personne ne voit l’issue aujourd’hui et qui continue de faire des victimes parmi les civils.
KIEV ET SES ÉGLISES
L’église Saint André, datant du milieu du XVIIIème siècle est considérée comme un des joyaux de Kiev. De par sa situation en hauteur sur la colline dominant le quartier Podil, (le quartier le plus ancien de Kiev et actuellement en complète rénovation), elle peut être admirée sur tous ses côtés, quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans la ville. Sa silhouette légère semble être peinte sur le fond du ciel et elle se détache de l’écran de verdure formé par le parc environnant.
L’église est dépourvue de cloches car selon une légende, leur retentissements entrainerait les eaux du Dniepr à inonder la rive gauche de la ville.
Fondée au XIème siècle, la Cathédrale Sainte-Sophie est l’une des plus célèbres cathédrales d’Ukraine. Grace à l’intervention française pendant les années 30, elle a échappé à la destruction et depuis 1990, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco
Le monastère Saint Michel, reconnaissable par sa couleur bleu ciel et ses "dômes" dorés, était un des plus anciens monastères de Kiev. Construit au XIème siècle, il a été détruit dans les années 1930, pendant la période soviétique et entièrement reconstruit à l'identique après l'indépendance de l'Ukraine. Le monastère est aujourd’hui le siège du Patriarcat de l’Église orthodoxe ukrainienne, un haut lieu de ferveur religieuse
Au cours des évènements de Maïdan, le monastère est devenu un refuge pour les manifestants persécutés et le point de ralliement initial des militants. Ici, un mouvement de soutien a été rapidement organisé: création d’une unité de soins médicaux d'urgence, installation d’un centre de coordination pour aider les blessés, création d’un poste de distribution de produits alimentaires et mise en place d’aide pour retrouver les disparus et donner des conseils juridiques. A l'entrée du monastère, quelques dizaines de voitures bénévoles étaient en service pour les besoins de transport. Dans la nuit du 10 décembre 2013, le monastère a joué un rôle symbolique : ses cloches ont sonné l'alarme, informant les habitants de Kiev de l'attaque des forces spéciales “berkut” et de leur tentative d'expulser les militants de Maïdan. Malgré les postes de contrôle établis autour du centre-ville, des milliers d'habitants de Kiev sont venus sur la place principale de la ville pour aider les manifestants
Cathédrale Saint Vladimir, facilement reconnaissable par ses murs jaunes et ses dômes bleus parsemés d’étoiles . La cathédrale Saint Vladimir était fondée en 1862 et la construction fut achevée en 1896. Dans les années 30 elle a été transformée en musée athée ; elle a échappé à la destruction massive des monuments dans les années 30 . Actuellement, la cathédrale Saint Vladimir est l'une des églises les plus populaires de la capitale de l'Ukraine.
Le Monastère Laure des Grottes de Kiev
La Laure est divisée en deux parties : la basse Laure, où se trouvent les anciennes grottes et ses réseaux de catacombes abritant les momies des moines et la haute Laure avec ses nombreuses églises. Il nous faudra revenir à Kiev car nous n’avons pas eu le temps de visiter
KIEV ET SES MONUMENTS HISTORIQUES
A proximité, du monastère des Laures, se trouve la statue de la Mère Patrie. Haute de 62 mètres (102 mètres au total en comptant son piédestal ), elle fait partie des plus hautes statues dans le monde. Elle est le symbole soviétique le plus voyant de la capitale ukrainienne.
Elle représente la mère patrie tendant une épée vers le ciel et présentant un bouclier décoré de l'emblème de l'URSS, un symbole illégal depuis 2015 mais qui ne peut être supprimé. En effet, les monuments de la Seconde Guerre mondiale ne sont pas sujets à la décommunisation. Pour y remédier et qu’elle elle ne dépasse la croix du monastère Laure des Grottes, son épée a été raccourcie et ne mesure maintenant plus "que" 16 mètres pour un poids avoisinant les 9 tonnes. En plus d'être un point de repère pour les visiteurs, elle est aussi et surtout, l'un des plus importants témoignages de l'ère communiste.
Elle accueille le musée de la seconde guerre mondiale, qui présente ce conflit monstrueux avec une vision ukrainienne, sous un autre angle que nous méconnaissons, en réduisant trop souvent la défaite allemande au seul débarquement de Normandie. Sur le front de l'Est, la guerre a eu une autre dimension et a aussi causé énormément de pertes. C'est l'histoire de l'URSS envahie, des populations civiles envoyées dans les batailles sanglantes, des déportations massives, puis la reconquête, tout aussi meurtrière, dans la défaite de l'Allemagne nazie. Au total, plus de 20 millions de morts, dont 13 millions millions de civils.
Le musée national du mémorial aux victimes du Holodomor, consacré aux victimes de la grande famine
La Maison aux chimères (ou maison Horodeck) , Bâtiment art nouveau situé dans le quartier historique de Kiev, en face du bureau du Président de l’Ukraine Le bâtiment sert de résidence présidentielle pour les cérémonies officielles et diplomatiques depuis 2005. L’architecte polonais, Vladyslav Horodecki, construisit à l’origine la maison aux Chimères entre 1901 et 1902 pour l’utiliser comme son propre immeuble haut de gamme. Cependant, au fil des années, Horodecki s’est endetté et a finalement perdu le bâtiment en raison de problèmes financiers (il a été vendu aux enchères en 1913), après quoi la bâtisse changea de propriétaire à plusieurs reprises avant d’être finalement occupée par une polyclinique officielle du parti communiste jusqu’au début des années 2000. Lorsque le bâtiment a été libéré, son décor intérieur et extérieur a été entièrement reconstruit et restauré selon les plans originaux de Horodecki.
L’opéra national d’Ukraine Taras Chevtchenko L'opéra national d'Ukraine Taras Chevtchenko à Kiev.
La Porte dorée, bâtie au XIème siècle de Kiev, marquait l'entrée principale de l'ancienne ville. Elle a été en grande partie détruite lors des invasions par les Mongols mais les ruines ayant néanmoins été conservées jusqu'à la période soviétique, la porte a été reconstruite en 1982 de sorte que les vestiges restent intégrés. Une statue à l’effigie de Laroslav, grand bâtisseur (c’est lui qui fit construire la célèbre cathédrale Sainte-Sophie à Kiev ) et grand législateur a été construite pour honorer son règne et toutes les actions qu’il a mené pour la ville le droit, l’éducation, l’architecture et l’art kiévien.
Le palais Mariinsky est la résidence officielle du président de l'Ukraine. Il est utilisé lors des réceptions officielles de chefs d'État étrangers et lors des réceptions des ambassadeurs. Il n’est accessible aux visites qu’une fois par an lors des journées portes ouvertes.
En revanche, les bureaux de la présidence ukrainienne se situent au sein de l'administration présidentielle, située rue Bankova face à la maison des chimères.
KIEV ET SON ARCHITECTURE
Kiev est une ville dotée d’un paysage urbain unique qui combine de nombreux styles architecturaux. Même si Kiev est surnommée la ville des dômes, elle offre aussi une grande variété architecturale.
Les Stalinkas datant des années 50
Le régime soviétique a remplacé les bâtiments historiques détruits par la seconde guerre mondiale par ces immeubles staliniens, démesurés, imposants mais aussi majestueux (leurs fonctions étant de représenter le pouvoir). Cette architecture soviétique, généralement synonyme de béton, peut plaire ou déplaire mais c’est difficile de ne pas être impressionné par cette démesure et ce gigantisme, et elle reste le témoin du passé soviétique de Kiev. Ces édifices comptent plusieurs étages et sont reconnaissables à leurs façades en blocs de béton.
Le style architectural coloré
La vieille ville abrite de magnifiques bâtiments plus ou moins bien entretenus. Certains ont des façades complètement délabrées avec des couleurs délavées et semblent prêts à s’écrouler à tout moment, alors que d’autres, qui ont pu bénéficier d’une rénovation récente, illuminent les rues de leurs couleurs éclatantes. Malheureusement de trop nombreuses maisons sont inhabitées et abandonnées.
Le podil, ancien quartier historique en complète rénovation.
Chaque maison et chaque façade du quartier de Vozdvizhenka a été pensé pour reproduire le style architectural de la fin du XIXe siècle.
La forme des bâtiments est principalement baroque. L'esprit historique du vieux Podil reste présent grâce aux boutiques, cafés et restaurants à la mode, et aussi grâce aux galeries situées au rez-de-chaussée des maisons. C’est le quartier “branché” de Kiev. Chaque maison de Vozdvyzhenka fait partie d'un projet architectural unique, car toutes les maisons colorées sont empilées pour représenter un véritable arc-en-ciel.
Mais le coût élevé des appartements rend ce quariter inaccessible pour une majorité des ukrainiens. Sous les belles façades se cache la tristesse de la métropole et pour les habitants de la ville, le quartier est souvent appelé la ville morte, ou la ville fantôme des millionnaires car la plupart des maisons n'ont pas encore été achetées en raison des prix élevés, et une partie de celles qui ont été achetées sont encore vacantes.
La banlieue de Kiev
Comfort town: une ville dans la ville, toute en couleur.
Ce projet immobilier audacieux, bâti sur une ancienne zone industrielle, propose des immeubles de différentes tailles, de différentes couleurs, pour rompre la monotonie des formes répétitives et pour donner une image pittoresque à chaque rue. Tout en préservant l’environnement et les espaces verts existants, ce quartier offre aux habitants un service d'infrastructure complet comprenant les clubs de fitness, les magasins, les jardins d'enfants, des cours piétonnes, les écoles…
Ces constructions, qui ressemblent à une “légo town”, apportent une un peu de vie et de couleurs dans cette banlieue grise et triste, construite sur le modèle soviétique.
METRO DE KIEV
Le métro de Kiev est l'un des plus importants témoignages de l'ère soviétique en Ukraine.
Mis en service dans les années 1960, il a été construit dans un pur style stalinien pour les stations les plus anciennes et on y trouve de riches ornements propres à l'architecture soviétique.
Le métro de Kiev a la particularité d'être très profond puisque, lors de sa construction, il était aussi destiné à servir d'abris en cas de bombardement et Kiev, a aussi la particularité d’être construite sur des collines donc pour certaines stations situées en hauteur, il a fallu creuser davantage.
C'est ici que se trouve la station la plus profonde au monde, Arsenal, à plus de 105 mètres sous terre et on y accède par des escalators impressionnants très rapides. Trois escalators côte à côte, aucun escalier et à côté des deux escalators en fonctionnement, le troisième, à l’arrêt est utilisé en cas de panne. En bas de chaque escalator, il y a une personne en charge de surveiller ces escalators afin d’intervenir en cas d’accident.
Le réseau, très propre, très ponctuel et très économique, comporte3 lignes avec une quarantaine de 40 stations.
Nous n’avons pas eu le temps de nous arrêter dans toutes les stations mais la visite du métro mérite que l’on lui accorde beaucoup de temps car les stations sont toutes incroyables.
En particulier, la station de métro d’Osokorki avec ses murs qui ont récemment été recouverts de street art. Un projet qui a regroupé 8 artistes internationaux.
Un responsable d’état a déclaré: «Aujourd’hui, le street art est une raison pour laquelle les gens viennent à New York ou à Londres; nous aimerions que Kiev soit aussi une ville touristique.»
KYEV C’EST AUSSI LA VILLE DES LOISIRS
En plus des infrastructures dans la ville, des nombreuses aires de repos dans les parcs et dans les rues, une immense zone de loisirs, Hydropark, a été crée sur les îles et rives du fleuve Dniepr, à proximité de Kiev, pour offrir toutes sortes d’attractions et convenir ainsi à toutes catégories de personnes. Principalement des activités nautiques : il y a de nombreuses plages, saturées de monde en été (gay, hétéro, habillés, nus , ici aucun jugement, chacun fait ce qui lui plait), des attractions aquatiques … mais également, en pénétrant plus profondément dans le parc, on y trouve des aires de jeux pour enfants, des manèges, des parcours sportifs, des bars crachant de la musique techno à tue tête, et une immense salle de sport en plein air, construite avec d'anciennes pièces industrielles et de morceaux de ferrailles dans les années 1960-1970. Ce complexe hétéroclite a de quoi satisfaire toutes les tranches d’âge.
KYEV, VUE DE L’INTERIEUR
TCHERNOBYL- Чернобыль
La zone d'exclusion : un territoire abandonné
La zone d’exclusion de Tchernobyl (l'équivalent de la superficie du Luxembourg) est revenue en 20 ans à l’état sauvage. En l’absence d’humains, la nature a repris ses droits et la faune a pu s'épanouir. En plus des nombreux chiens descendants des animaux de compagnie laissés pour compte, les loups et les renards ont envahi la région. Le lynx est régulièrement aperçu dans les forêts, tout comme le wapiti et le sanglier. Des ours bruns ont également été aperçus. Les chevaux de Przewalski se trouvent également dans la zone d'exclusion. Ces chevaux magnifiques et uniques étaient autrefois menacés d'extinction; c’est une espèce unique qui n'a jamais été croisée avec des chevaux domestiqués et on pense qu'il s'agit des seuls vrais chevaux «sauvages».
La visite du site ne peut se faire qu’accompagnée d’un guide car, même si la majorité des territoires est maintenant sécure pour y vivre et mener une activité économique sans aucun risque; certaines zones, loin d’être décontaminées, restent encore très radioactives et resteront interdites d’utilisation pendant très longtemps. La plupart des zones décontaminées ont été nettoyées avec des bulldozers, qui ont enlevé une épaisseur de plus de 1 mètre de sol contaminé, enterrer les villages les plus contaminés et créer des “tombeaux” contenant des tonnes de métaux radioactifs. Actuellement, la plupart de ces cimetières ont été vidés. Mais ces manoeuvres de nettoyage ont exposé un grand nombre d’individus, environ 600 0000 “décontamineurs”, à des niveaux de rayonnement élevés. Il faut préciser que ces décontamineurs ne savaient pas qu’ils allaient être exposés aux radiations, ils pensaient juste éteindre le feu déclaré dans la centrale. Aujourd’hui, on ne connait pas exactement le nombre de décès et de cancers survenus par la suite et le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l'ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu'une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l'explosion, mais selon certaines estimations, appuyées par le président ukrainien, le nombre de personnes tuées ou devenues invalides se chiffre malheureusement à des centaines de milliers.
Ensuite les autorités ont envoyés des ouvriers, des” liquidateurs”, pour vider à Pripyat et les villages avoisinants les appartements, abandonnés précipitamment par les habitants, et récupérer meubles, bijoux, tissus… Ces objets étaient ensuite enterrés dans des fosses recouvertes de béton.
Aujourd’hui, pénétrer dans ce périmètre doit se faire accompagné d’un guide et requiert l'autorisation des autorités ukrainiennes par le passage de plusieurs points de contrôle. Seuls le personnel de la centrale et le personnel permettant le maintien de la zone d'exclusion sont habilités à y entrer. Pour rassurer les visiteurs, on nous fournit un dosimètre qui enregistrera les rayons que nous aurons reçu pendant notre périple. Pour explorer la zone d'exclusion, on nous demande de respecter plusieurs règles : ne pas manger ou boire dehors, porter des vêtements couvrants les bras et les jambes, ne rien ramasser, ni poser par terre. Il est également conseillé d'éviter les zones où de la mousse pousse au sol. Puisant ses ressources dans le sol, la mousse est en effet susceptible de porter davantage de radionucléides et donc de contaminer ceux qui la touchent ou marchent dessus.
Pour pénétrer dans la zone d’exclusion, il y a deux contrôle de radioactivité : L'un à l’entrée dans le rayon de 30 kilomètres, l'autre à la sortie et si les machines détectent de la radioactivité, les visiteurs doivent laisser vêtements et chaussures.
L’aventure commence avec la visite du radar de Duga.
Le radar de Duga
La guerre froide, qui est connue comme une période de tensions intenses entre l'URSS et les pays occidentaux, a parfois fait craindre un conflit militaire. La course aux armements a forcé les pays à développer des armes, et les autorités de l'URSS ont réalisé que le pays devait améliorer ses technologies de défense aérienne. L’URSS avait besoin d'un système capable de détecter un missile 2 à 3 minutes après son lancement afin qu'il y ait suffisamment de temps pour prendre des mesures et l’abattre.
Duga (qui signifie arc) était un projet de radar top secret militaire élaboré par les scientifiques pendant les années 70 et constituait une des installations les plus puissantes de l’URSS. Ce radar nécessitait une énergie folle pour fonctionner, c’est pour cela qu’il a été construit à côté de Tchernobyl. Il a couté 7 milliards de roubles soviétique (près de 100 millions d’euros), deux fois plus que la centrale Tchernobyl. Quand le radar Duga a commencé à fonctionner, il a émis un signal qui a commencé à apparaître dans les ondes radio de nombreux pays. Il a été rapidement établi que la source était située sur le territoire de l'URSS. Le son étant similaire au pivert, Duga a donc été surnommé le « pic russe ».
Aucune des méthodes connues n’a permis de protéger les ondes de ce bruit spécifique; il commençait à inquiéter les gens, de sorte que plusieurs pays comme la Norvège, la Suède, la Suisse, entre autres, ont protesté auprès de l'URSS, l’accusant d’avoir enfreint une convention internationale d'attribution des fréquences radio. L’administration de l’URSS a décidé de garder le secret et d’ajouter simplement une fonction de suppression du bruit dans le programme de modernisation de Duga. L’ installation était protégée par d'importantes mesures de sécurité et pour confondre leurs "ennemis", le commandement soviétique désignait souvent ces installations par des numéros ou de fausses identités. Sur les cartes soviétiques, le radar de Duga était marqué comme un camp d'enfants (il y a même un arrêt de bus bizarre sur la route menant à l'une des installations, décoré de l’ours, mascotte des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou.
Cependant, Duga ne fonctionnera que peu de temps car l’explosion de Tchernobyl marquera le début de la fin de ce projet. Le complexe a dû être fermé en raison de la contamination par les radiations et la ville autour de Duga a été évacuée, seul le personnel militaire est resté dans une caserne souterraine spéciale jusqu'en 1987, date à laquelle tout le matériel a été évacué. En raison du statut top secret de Duga, tous les documents relatifs à son fonctionnement ont été soit détruits, soit archivés à Moscou et les composants vitaux de l'antenne ont été transportés à Moscou ou emportés par des pillards.
Cette immense structure, qui s'élève à 150 mètres de haut et s'étend sur près de 700 mètres de long n’est visible que lorsque l’on s’en approche car elle a été protégée du regard par une immense forêt, implantée par les autorités dans le but de garder ce radar invisible. Elle ressemble à un gigantesque mur et en regardant de plus près, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une énorme structure délabrée, composée de centaines d'antennes et de turbines géantes.
Les « stalkers » (des touristes illégaux qui fréquentent la zone d’exclusion de Tchernobyl) sont attirés par cette construction géante, vraiment spectaculaire et fascinante, et malgré son danger mortel, ils escaladent quand même les structures terriblement rouillées et fragiles. you-tube
Pour faire fonctionner cette installation gigantesque, plus de 1500 militaires, scientifiques et techniciens vivaient et travaillaient sur la zone. Tchernobyl était équipé avec le matériel le plus puissant de l’époque, du matériel qui nous paraît bien désuet aujourd’hui mais qui, à l’époque était très performant. Dans cette salle de machines se trouvait le calculateur le plus rapide au monde.
La Salle des machines nécessitait un immense espace pour abriter tous les ordinateurs produisant beaucoup de chaleur et un endroit pour regrouper tous les câbles D’où la nécessité de construire ce long corridor de plus d’un kilomètres pour faire passer tous les fils reliés aux machines.
Au bout de ce corridor se trouvent les salles de formation. Certaines d’entre elles sont notamment dédiées à la formation informatique, il y a également une salle de contrôle miniature pour l’apprentissage et l’entraînement des équipes, une salle d’entrainement pour le code de la route…
Accident de Tchernobyl - Чернобыль
Le réacteur n°'4 en question a été mis en exploitation industrielle en décembre 1983. Dès cette époque les chercheurs de l’Institut Kourtchatov (principal centre de recherche et de développement de l’industrie nucléaire pour l’Union soviétique) faisaient remarquer que les lancements physiques des RBMK 1000 de seconde génération et des RBMK 1500 avaient été assortis de manifestations de réactivité anormale lors de la descente des barres de contrôle dans le cœur du réacteur.
Le 25 avril 1986, dans la centrale de Tchernobyl il était prévu d’effectuer des tests de l’un des systèmes de sécurité du réacteur n° 4 et de mettre ensuite le réacteur à l’arrêt en vue de procéder aux travaux d’entretien ordinaires. Au cours des tests, le courant électrique devait être coupé dans la centrale, et les systèmes de sécurité du réacteur devaient être alimentés par l’énergie mécanique de rotation générée par l’inertie des turboalternateurs.
Voici ce qui s’est passé :À 23 h 10, la puissance du réacteur est réduite à 700 mégawatts comme prévu
À 0 h 30, Anatoli Diatlov est en désaccord avec ces chefs d’équipe sur la procédure. À la suite d’une erreur de manipulation, les barres de contrôle s’enfoncent trop profondément. La puissance chute alors rapidement à 30 mégawatts. Six minutes plus tard, le réacteur s’étouffe, son régime est beaucoup trop bas. La pression augmente d’un coup, mais faute de capteurs personne dans la salle de contrôle n’est en mesure de voir le danger.
À 0 h 38, le réacteur ne produit presque plus d’énergie. Anatoli Diatlov ordonne de retirer les barres de contrôle et relancer le réacteur. C’est en totale contradiction avec les consignes de sécurité. L’équipe a beau être contre, elle n’a pas le choix et obéit aux ordres.
À 1 h 3, malgré les dysfonctionnements et contre l’avis de son équipe, Anatoli Diatlov lance le test. Au même moment, au cœur du réacteur, un point chaud se forme et se concentre. Personne ne peut le voir.
À 1 h 23, le test commence malgré tout. Le contremaître Akimov décide de lui-même d’enclencher le processus d’arrêt d’urgence et enfonce les barres de contrôle. Mais la chaleur a déformé les canaux de descente : les barres ne descendent que de 1,50 m au lieu de 7. Il est trop tard. Les premières explosions se font entendre : le cœur du réacteur est hors de contrôle, sa puissance est multipliée par 100 en quelques secondes. Le fond du réacteur explose. Il se transforme en magma radioactif. Quelques secondes plus tard, une énorme explosion projette les 1 200 tonnes du couvercle dans les airs. Le réacteur n° 4 de la centrale vient d’exploser. Un incendie très important se déclare, tandis qu’une lumière aux reflets bleus se dégage du trou formé
Il est à noter que le programme des essais de la centrale de Tchernobyl n’avait pas été concerté avec le directeur scientifique et le concepteur du réacteur. Par ailleurs, en réalisant l’expérience, le personnel de la centrale, superviser par l’adjoint ingénieur en chef Anatoly Dyatlov a enfreint toute une série de règles de sûreté en poussant encore plus le réacteur. En conséquence direct, Dyatlov a reçu 10 ans de prison, et Georges Kopchinsky le premier de Comité central du Parti communiste a dû démissionner.
En automne 1993, le réacteur n° 2 de la centrale a été arrêté suite à un incendie. Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1996, le réacteur n° 1 de la centrale a été également mis hors exploitation conformément au Mémorandum signé en 1995 entre l’Ukraine et les États du G7.
Le 6 décembre 2000, en raison du dysfonctionnement du système de sûreté, le 3e et dernier réacteur a été arrêté. En mars 2000, le gouvernement ukrainien a décrété la fermeture de la centrale nucléaire de Tchernobyl qui a cessé de fonctionner le 15 décembre 2000, à 13 h 17.
En 6 mois, un sarcophage d’urgence autour du réacteur n°4 a été construit dans des conditions difficiles pour contenir les restes du réacteur accidenté. Mais ce sarcophage est provisoire, il ne pourra durer que 30 ans car avec le temps, il risque de se détériorer et de s’effondrer pouvant provoquer alors un second Tchernobyl avec des émissions de poussière radioactives.
En 2008, Inauguration du centre de stockage et de traitement de déchets radioactifs provenant de la centrale de Tchernobyl et de la zone qui l’entoure. Une partie du centre, construite avec l’aide de la Commission Européenne, devait accueillir 75 000 m3 de déchets radioactifs. Les combustibles irradiés des trois réacteurs arrêtés sont actuellement entreposés dans les piscines attenantes à ces réacteurs. Un retraitement des combustibles usés, qui aurait permis leur conditionnement, n'est pas prévu et il était envisagé de construire une installation afin de les entreposer « à sec ».
En 2010, début de grands travaux pour parer à la détérioration du sarcophage recouvrant le réacteur accidenté. Le financement du programme s’élevant à plus d’un milliard d’euros a bénéficié d’un important soutien de l’Union Européenne. La construction d'une grande arche au dessus du sarcophage de secours, (tellement immense qu'elle pourrait recouvrir la cathédrale Notre-Dame de Paris), a été entreprise. Sa mise en place a eu lieu fin novembre 2016. Sur le long terme, il est prévu, après cette mise en place de démanteler le sarcophage afin d'y récupérer les matières très radioactives et de les évacuer. Et actuellement, plus de 2000 ouvriers travaillent sur ce chantier, ils ne doivent pas rester plus de quatre heures sur place et ils se relaient par tranches de quinze jours. Pour l'instant, pas d'accident radiologique. Ils reçoivent des doses de rayonnement légèrement inférieures à celles auxquelles les ouvriers des centrales nucléaires en France sont exposés. Ces déchets sont transportés par train vers le site de stockage, nous le verrons passer, mais il est interdit de le photographier.
En Mars 2021, l'Ukraine demande à inscrire le site au patrimoine mondial de l'humanité, arguant le fait que la catastrophe a forcé l’URSS à dire la vérité et a précipité le régime vers sa chute en 1991. Réponse attendue en 2023.
Pripyat: (Прип’ять en ukrainien:) la ville modèle a été fondée en 1970 pour accueillir les travailleurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Elle disposait de toutes les commodités dont on pouvait rêver à l’époque et les ingénieurs pouvaient s’y installer avec leurs familles et profiter de ce lieu avant-gardiste. La ville comptait 75 000 habitants, logés dans 180 bâtiments répartis en 5 districts.
Pripyat : avant la catastrophe
On peut, grâce à quelques images d’archives, voir à quoi ressemblait la ville avant la catastrophe. Alors conçue comme la ville communiste par excellence, elle disposait de toutes les commodités dont on pouvait rêver à l’époque. Les bâtiments administratifs Pripyat étaient situés dans le centre de la ville. A côté d’eux, il y avait les installations culturelles et récréatives comme le cinéma Prometheus, GPKiO (parc de loisirs de la ville) et le centre de la culture énergétique. Dans ce dernier bâtiment se trouvaient notamment le théâtre, la bibliothèque et les salles de danse. Enfin, les magasins, les supermarchés et l’hôtel Polissya ont ensuite été construits.
Pripyat : après la catastrophe
Malgré la gravité de la situation à la centrale de Tchernobyl, les autorités ont attendu de nombreuses heures avant de donner l'ordre d'évacuation, le 27 avril aux alentours de 14h, soit plus d'un jour après l'accident. Pendant ce temps, les habitants ont continué de vaquer à leurs occupations et notamment de sortir à l'extérieur, sans réaliser le danger invisible. L'évacuation des habitants de la ville de Pripyat se déroulera en quelques heures, aucun message alarmiste, aucune distribution de comprimés d’iode, les autorités demandent simplement aux habitants de n’emporter avec eux que l'indispensable pour deux-trois jours: quelques provisions, un change de linge, leurs papiers d'identité, mais ils doivent laisser leurs animaux sur place, leur promettant qu’ils reviendraient dans les jours suivants. La file de 1200 bus qui attendaient pour emmener les habitants de la ville s'étendait sur 25 kilomètres. Après cette évacuation, la zone d’exclusion a été interdite et les 50 000 personnes évacuées n’y reviendront jamais. Cependant certains, surtout les personnes âgées, sont retournés contre la volonté du gouvernement, préférant ne pas quitter les villages et les cadres de vie auxquels ils étaient attachés
Visite de la ville fantôme
Notre visite commence par le parc d’attraction dont la grande roue fait sans doute partie des images les plus connues de Prypiat. Malheureusement, les habitants n’ont jamais pu en profiter car le parc devait ouvrir le 1er Mai. Cependant, selon les témoignages, malgré la gravité de la situation à la centrale de Tchernobyl, certaines attractions ont effectivement été ouvertes, quelques jours plus tôt que prévu, le 26 avril, pour détourner l'attention des habitants. Et derrière ce décor morbide, on peut difficilement imaginer le rire des enfants et l’ambiance festive qui devait règner le jour de la mise en route.
La piscine Lazurny , ce célèbre lieu, encore accessible au public est quand même dans un état de délabrement avancé. Cette piscine a été utilisée jusqu’en 1998 par les “liquidateurs” qui venaient se “nettoyer” des particules de poussière radioactives.
Le lieu abrite également un terrain de basketball partiellement détruit.
Le cimetière des camions décontamineurs
Ces énormes engins ont servi à éliminer les poussières et débris radioactifs du sol sur le lieu de l'explosion. Au total, 18 camions de ce type ont été produits et ont été utilisés pour le déblaiement et l’enfouissement de déchets radioactifs.
Sur les rives d'un lac, le magnifique café Pripyat était un lieu de rencontre populaire pour les jeunes habitants de la ville de Pripyat qui se réunissaient pour discuter et boire sur la terrasse du café (il faut savoir que la moyenne d’âge des habitants était de 26 ans). La terrasse donnait sur le lac et permettait aux gens de pratiquer leurs activités aquatiques en été et de patiner sur le lac gelé en hiver.
A l’'intérieur, le café a encore ses vitraux, partiellement endommagés et à l’extérieur, la nature a complètement repris ses droits laissant à peine apercevoir les murs décorés de mosaïques.
La forêt à proximité du lieu de la catastrophe est appelée « forêt rouge ». Ce nom provient de la couleur spéciale prise par les pins qui sont morts suite aux radiations.
Notre visite se poursuit dans ce qui était le centre-ville de Pripyat avec ses épiceries et son supermarché, avant gardiste à l’époque et qui faisait la fierté de l’URSS. Cette ville était très convoitée par les ukrainiens car c’était un lieu privilégié pour les habitants, le niveau de vie était élevé et la population était très jeune (la moyenne d’âge était de 26 ans). Ce supermarché s’élevait sur 2 sur étages, et vendait de la nourriture, du mobilier, des habits… Aujourd’hui, les enseignes indiquant les différents rayons sont toujours suspendues au plafond. Même les frigos et les caddys sont toujours là. On peut encore voir un canapé et des vestiges de meuble, reflètant le style déco de l’époque.
La végétation a poussé au milieu des rues et des bâtiments, s'infiltrant peu à peu dans les construction en pierre et renforçant encore l'impression de villes fantômes. Comme peuvent nous montrer les photos présentées par Irina, notre guide, les lieux sont méconnaissables: les larges avenues sont devenues des rues défoncées, envahies d’herbe et d’arbres, les immeubles rutilants comme le cinéma Prométheus, le palais de la culture, l’hôtel, ont laissé place à des bâtiments dépouillés de leurs portes avec des fenêtres éventrées et des façades décrépies, fissurées et il ne reste plus grand-chose à l'intérieur, les meubles ayant été sortis et enterrés, ou brûlés ou mis à la ferraille ou volé et revendu, malgré les radiations et les points de contrôle.
L'hôtel Polissya, situé dans le centre-ville de la ville a été construit pour abriter les délégations et les invités visitant Pripyat et la centrale électrique de Tchernobyl. Après la catastrophe, le bâtiment de l'hôtel a été utilisé par les liquidateurs. Les fonctionnaires pouvaient dormir ici et il y avait un quartier général où les actions des hélicoptères étaient coordonnées. Du toit de l'hôtel, la centrale nucléaire de Tchernobyl était clairement visible. Les hélicoptères qui déversaient du sable, du plomb et de l'acide borique dans le réacteur en feu ont été dirigés par des observateurs situés sur le toit de l'hôtel.
Pripyat : ce qui aurait pu se passer sans la catastrophe
Pour conclure, sachez que la construction de la ville n’était pas achevée. En effet, les travaux auraient du se poursuivre jusqu’en 1988. Ainsi, un grand nombre d’installations publiques supplémentaires auraient pu être construites. D’abord, deux centres commerciaux et deux complexes sportifs. Puis le centre d’éducation et de loisirs pour enfants Pioneer’s Palace serait sorti de terre. Ensuite, un nouveau cinéma avec deux salles, le Jubilee Palace of Arts et un hôtel auraient vu le jour. Enfin, une tour de télévision de 52 mètres de haut aurait aussi du être construite. Mais tous ces grands projets furent stoppés net en 1986 …
En conclusion, je ne peux que vous conseiller de visiter Kyev et ses environs, Tchernobyl étant une étape obligatoire. Et si cela vous intérèsse je peux vous donner les coordonnées de notre guide, Irina, ayant travaillé comme interprête pendant les travaux de construction du sarcophage et extrêmement compétente. Encore merci Irina !! Et comme vous le voyez sur les photos, nous n’avons pas été irradiés et nous sommes toujours comme avant.