Destination la Bretagne pour ce week-end de 3 jours avec Frédéric Georgens , photographe de l'agence Voyage Passion Photo
Après à peine une heure d'avion, nous arrivons à Brest ou nous allons passer la nuit pour embarquer le lendemain . Cela nous laissera le temps de savourer d'excellents tourteaux et crabes pêchés sur place, fraicheur garantie
Nous embarquons de Brest sous un crachin breton (mais on est en Bretagne, alors c'est normal). De nombreux phares longent la rade de Brest et après une courte escale au Conquet, où de nouveaux passagers montent à bord, nous prenons le large pour une traversée de 30'.
Nous croisons d'abord l'archipel de Molène composé de 7 petites îles, qui sont comme de véritables confettis de terre posés sur l'eau. Molène est la seule île habitée, elle nous dévoile ses petites maisons trapues, bâties les unes contre les autres comme pour se protèger des tempêtes, son petit port où dorment quelques bateaux de plaisanciers, son église et son sémaphore. Mais ce qui attire notre attention, ce sont les falaises que l'on distingue au loin dans la brume: Ouessant, la douce et redoutable île du bout du bout de la France
Cette île est marquée par son passé. On la surnommait l'île matriarcale car elle était la plupart du temps peuplée uniquement de femmes qui attendaient le retour de leurs maris, absents pendant des semaines partis naviguer sur les eaux dangereuses de l'océan.
Le bateau doit braver le courant du "Fromveur", courant très puissant, signifiant en breton, "grand torrent" , mais il finit par atteindre cette île longue de 7km, protégée par de nombreux récifs ciselés, alternant avec de hautes falaises de granit découpés par les assauts perpétuels des vagues et des tempêtes.
Bienveillants, les Ouessantins ont installé des signaux pour guider les navigateurs dans ces eaux très dangereuses et de nombreux phares majestueux sur terre ou sur l'eau jalonnent l'île.
Nous débarquons au Stiff ou nous empruntons aussitôt des vélos électriques pour partir à la découverte de l'île.
Direction la pointe la plus à l'Ouest de l'île: la pointe de Pern






L'île d'Ouessant ce n'est pas plat, ça monte, ça descend et on a toujours le vent de face, à croire qu'il tourne en même temps que nous, bref si l'on veut s'économiser il est préférable de sillonner l'île en vélo électrique; et cela, Fred l'avait bien prévu en nous réservant les rares vélos électriques disponibles sur l'île. C'est parti pour le reportage photo ou nous allons privilégier les poses lentes, idéales pour ces paysages aquatiques mais difficiles à réaliser avec le fort vent qui souffle sur l'île !! Pause pique-nique sur une plage de galets où nous allons faire connaissance avec un goéland, que nous décidons de prénommer Marguerite et qui nous suivra tout le long du séjour. Petite île, petits champs entourés de murets, petites maisons en pierre décorées par des volets et fenêtres peintes en bleu (peut être pour égayer le ciel souvent gris de Ouessant), petites chapelles, vaches et moutons nains, tout est adapté pour résister aux vents salés et violents venant frapper de plein fouet ce bout de terre exposé aux assaut des tempêtes venues de l'ouest et rendant les conditions de vie sur cette île extrêmement difficiles. Ces conditions difficiles et l'isolement insulaire expliquent en partie le dépeuplement de l'île: Les résidences principales représentent le même nombre que les résidences secondaires et il n'y a qu'un seul village significatif dans l'île: Lampaul
Construit entre 1912 et 1936, le phare de NIVIDIC a connu de nombreux changements lors de sa construction à cause des contraintes dûes à sa conception première, qui voulait que ce phare, difficilement accessible par sa localisation au milieu d'une mer souvent démontée et dangereuse, soit inhabité et donc automatisé avec un contrôle à distance (ce qui à l'époque était une véritable prouesse technologique car de tels phares n'existaient pas).
Mais de nombreux problèmes se posent sur la maintenance et le fonctionnement du phare: comment faire pour déclencher l'allumage et l'extinction de l'éclairage, quelle source d'énergie utiliser, du gaz ou de l'électricité?, comment amener l'électricité au phare? comment alimenter le générateur? C'est ainsi qu'est née l'idée de tirer un cable aérien entre la source d'alimentation (le phare voisin de CREAC'H) et le phare de NIDIVIC car un cable sous marin serait trop couteux et ne résiterait pas aux violents courants. Ce cable aérien va donc impliquer la construction de 2 pylones supplémentaires en mer. Ces pylones permettront également la construction d'un téléphérique permettant l'accès au phare et de réparer le cable en cas de panne.
L'abandon du phare pendant la seconde guerre mondiale entraina, par manque d'entretien, la rupture de la ligne aérienne et le téléphérique fut démantelé après la guerre, décison étant prise de n'accèder au phare qu'en bateau, comme tous les autres phares en pleine mer. Cela s'en fit ressentir sur le fonctionnement du phare
La grande rénovation entreprise entre 1968 et 1971 a apporté la construction d'une petite piste d'atterrissage pour un hélicoptère et a permis de remettre en fonctionnement le phare, en utilisant désormais du gaz, la ligne électrique étant obsolète.
Actuellement, le phare fonctionne de façon autonome grace à un ensemble de panneaux solaires et des batteries et l'hélicoptère n'est plus utilisé qu'en cas de panne
Phare de CREAC'H est un des phares les plus puissants d'Europe. Identifiable par sa tour à bandes blanches et noires, du haut de ses 55 mètres, il balise l'une des routes maritimes les plus fréquentées de l'Atlantique et guide l'entrée des bateaux dans la Manche.
Inauguré en 1863, après 3 ans de chantier, le phare de CREAC'H était à l'origine alimenté au gaz, il sera électrifié en 1888. Il bénéficie actuellement de toutes les avancées technologiques en matière d'optique et d'éclairage et il figure parmi les phares les plus puissants du monde avec son faisceau lumineux portant à plus de 60 kilomètres.
Son faisceau lumineux transperce la nuit à un rythme immuable: 2 éclats blancs toutes les 10 secondes. Après de nombreux essais je parviendrai enfin à capter ses 2 faisceaux de manière symétrique et à éclairer cette nuit bleue.Une bonne façon de terminer cette journée chargée d'embruns, de chants de mouettes et d'odeur d'iode. Demain, lever aux aurores pour un éventuel lever de soleil






Pas de chance ce matin, pas de lever de soleil, une grosse couverture nuageuse assombrit le ciel et laisse place à une lumière "platounette" sans contraste, pas géniale pour la photo. Mais nous tentons quand même notre chance, en Bretagne, le temps peut changer très vite. Bonnets, coupe vent, gants, trépieds, appareils photo ... nous voila partis sur nos vélos pour une nouvelle aventure. Fred nous emmène à l'Est du phare de CREAC'H pour bénéficier de la lumière du soleil levant sur celui ci pour le cas où !! Mais nous aurons droit juste à une trouée nuageuse éclairant le phare et les falaises pendant quelques secondes, dommage ...
La maison du bout du monde avec sa vue panoramique à 180° et sa terrasse dominant l'océan. Un bel endroit pour pique-niquer et profiter de la beauté sauvage du lieu où les bruyères commencent à colorer le vert tendre des landes, où le jaune naissant des ajoncs attend l'arrivée de la chaleur estivale pour exploser de lumière et où le chant des mouettes, des goélands accompagnent le bruit des vagues.
Notre goéland Marguerite, vient de nouveau nous rendre visite pour profiter des éventuels restes. En remerciement de ce repas gratuit, elle se prêtera à une pause photo et acceptera de se laisser photographier, sans pour autant se laisser approcher de trop près. Prudence exige !!
Phare du STIFF est le plus vieux phare de Bretagne. Il a été construit sous l'impulsion de Vauban, et depuis plus de 3 siècles, il veille sur les bateaux en mer d'Iroise.Il est automatisé depuis 1978, télé controlé par le phare de CREAC'H. Mais sans maître des lieux, pour ventiler un minimum (le dernier gardien est parti en 1993), la tour a subi de gros dommages, en particulier une invasion de mérules qui ont détruit toutes les boiseries et mobiliers en bois. Un programme de restauration de près d'un millier d'euros a permis d'assainir la construction et à ce jour, le phare, classé monument historique, est ouvert au public







Phare de NIVIDIC, sous un autre angle, la lumière n'est pas au rendez vous, mais c'est pour nous l'occasion de jouer avec les différents réglages de vitesse pour optimiser le mouvement de l'eau et de rehausser les détails sur les roches par un jeu d'exposition.
Un coucher de soleil qui n'en a que le nom car les nuages sont trop nombreux pour laisser la moindre lumière, mais ce n'est pas grave nous explorons le site en suivant le sentier côtier au milieu de ces rochers de granit aux formes presque réelles et qui semblent nous adresser des messages.
Ici un lapin qui surveille la baie, plus loin une marmotte et son petit, une tortue qui hume l'air marin et là bas, le gardien de l'ile nous montrant son profil... certains ne voient rien, moi je vois des êtres étranges tout autour de moi et mon imagination m'emmène dans un monde d'êtres invisibles.
On tente de nouveau un réveil matinal aux aurores pour photographier le lever de soleil et la "gold hour" dans la baie de Penn Ar Roc'h, face au phare de la JUMENT. Les conditions semblent meilleures: on aperçoit du ciel bleu et le ciel commence à se colorer des premiers rayons de soleil. Vite nous enfourchons nos vélos, direction la côte Sud d’où nous verrons le phare de la JUMENT et plus à l'Est le phare du STIFF dans la brume matinale.
Pierre va alors tenter de passer son brevet de pilote de drone, il y parviendra sans difficulté au prix cependant d'un gros coup de stress, pas sûr qu'il veuille acheter un jour un drone!
Phare de la JUMENT a été construit à l'entrée des courants violents du "Fromveur", où de nombreux naufrages ont eu lieu.C'est après avoir échappé de justesse à un naufrage dans les parages de l'île en 1878, que Charles Eugène Potron, rentier de son état, s'engagea à financer la construction d'un nouveau phare, à condition de le réaliser en 7 ans. Les travaux débutèrent en 1904 et la première année, de très mauvaises conditions météorologiques laissèrent présager à un futur échec; mais les années suivantes le retard put être rattrapé et au prix de multiples dangers, le phare fut mis en service avec seulement 7 mois de retard.Le phare de la JUMENT, ancré dans le roc par quatre câbles sous tension, est classé dans la catégories des "enfers".
http://www.jean-guichard.com
Il a été rendu célèbre par la photo de Jean Guichard, le 21 Décembre 1989, montrant le phare dans la tempête, balayé par une vague déferlante alors que son gardien, alerté par le bruit venait juste de sortir sur le pas de la porte avant de rentrer immédiatement se mettre à l'abri et échappant de justesse à la noyade. Haut de 47 mètres, le phare est automatisé depuis 1991et il est télécommandé à partir du CREAC'H.

Dernière journée à Ouessant, nous finissons d'explorer le phare de CREAC'H sous son angle Ouest et partageons notre dernier pique nique avec Marguerite qui est venue avec des copains à elle
Au revoir Ouessant , à une prochaine fois ....
Kenavo Ouessant, ken ur wech all ....